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LA JEUNE FILLE À L’ECHO

C’est le dernier jour des vacances pour Vika. Vêtue de sa robe ample, les cheveux au vent, elle arpente le littoral déjà maintes fois foulé par ses pieds nus au cours de l’été. Libre de ses mouvements et de la présence des adultes, cette petite fille hardie, cor de chasse autour du cou, laisse son innocence et sa curiosité la guider, sans crainte. Vika s’amuse de tout ce qui lui est offert : les vagues deviennent pistes de danse, le sable immense ardoise et les coquillages une chorale marine. Entre plongeons et baignades, elle rend visite à ses amis, rochers anthropomorphes, dont elle seule détient les secrets du langage. De nature effrontée, elle ne se laisse pas impressionner par le groupe de garçons, autres résidents de cette plage hors du monde et du temps. Vika leur tient tête jusqu’à démonter leurs jeux de pouvoir. Romas, un nouvel arrivant intrigué par cette petite fille intrépide, obtient sa confiance et sa sympathie. Elle le conduit jusqu’au creux des regs pour lui confier son secret.

Critique du film

Réalisé en 1964 et adapté d’une nouvelle de Youri Naguibine, écrivain et scénariste qui collabora à l’écriture de Dersou Ouzala, La jeune fille à l’écho constitue une belle réédition à découvrir ou à revoir. Un très beau film sur l’enfance, l’amitié, la liberté et le coût à payer pour celle-ci, mais également sur le courage d’être soi et la solitude, choisie ou subie.

Tourné en Crimée dans des paysages arides magnifiques, mis en valeur par  une photographie en noir et blanc de toute beauté et par la réalisation, virtuose, mais sans ostentation, La jeune fille à l’écho a pour personnage principal une jeune fille dont la maturité et les valeurs empreintes de noblesse sont au cœur du film. Vika aime la nature, la mer, les rochers et l’écho. Des choses qu’on ne peut enfermer, qu’on ne peut posséder. D’où sa différence avec Romas, qui ne peut s’empêcher de collectionner de façon compulsive.

Vika ne collectionne pas. Elle semble ne pas posséder grand chose, en dehors du cor que lui a offert son grand-père. Elle contemple la nature et la respecte. Cela semble suffire à la rendre heureuse. Éprise de liberté, elle l’est aussi de vérité quand elle dénonce les tricheries d’un gamin qui tient à rester chef. Peut-être aussi une pique du réalisateur à l’encontre du communisme et des dictateurs en général. Car Vika n’a pas peur de déplaire et de se retrouver seule. À sa bravoure face aux éléments (c’est une plongeuse émérite), s’ajoute un courage moral exemplaire. Et Romas veut trop se faire accepter pour rester fidèle à son amie et fidèle à lui-même. Ce film nous parle bien sûr aussi de l’enfance et de sa cruauté, de l’amitié et de la désillusion qui suit la trahison, laissant une cicatrice et pouvant faire perdre la confiance dans l’autre, de façon peut-être définitive.

Il faut saluer la bande son, très soignée et la musique d’Algimantas Brazinskas qui ajoute un aspect irréel ou inquiétant à certaines scènes, comme celle où la bande de gamins traque Romas au milieu des rochers baignés de brume.

Bel hymne à la nature, merveille de sensibilité et d’intelligence, La Jeune fille à l’écho sort le 2 septembre grâce à ED Distribution. Le film s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants, son propos étant intemporel, universel. Quant à sa beauté plastique et thématique, elle devrait émouvoir sans distinction d’âge.

Bande-annonce

2 septembre 2020 – De Arūnas Žebriūnas, avec Lina BraknyteValeriy Zubarev




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