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LA FEMME DU FOSSOYEUR

Guled et Nasra sont un couple amoureux, vivant dans les quartiers pauvres de Djibouti avec leur fils Mahad. Cependant, l’équilibre de leur famille est menacé : Nasra souffre d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence. L’opération coûte cher et Guled trime déjà comme fossoyeur pour joindre les deux bouts : comment réunir l’argent pour sauver Nasra et garder une famille unie ?

Critique du film

Djibouti aura rarement été aussi belle que dans le premier long-métrage de Khadar Ayderus Ahmed. Dans La femme du fossoyeur, le réalisateur finlandais investit les rues colorées de la ville avec une grande tendresse. Sélectionné à la 60è édition de la Semaine de la Critique, La femme du fossoyeur s’immisce avec douceur dans le quotidien d’un couple, dont l’épouse est frappée par une grave maladie des reins. Rattrapée par l’extrême précarité, elle ne peut être soignée que par une lourde et coûteuse opération. Guled se met en tête de retourner à son village natal pour revendre son bétail et obtenir l’argent nécessaire. 

La femme du fossoyeur est une déclaration d’amour à ses personnages, dont la passion se transforme en résistance. Tout se passe dans l’intimité des gestes et des regards : l’amour entre Gulad et Nasra est délicat. Nasra, interprétée par Yasmin Warsame, irradie d’une beauté solaire, dévorée du regard par un Gulad (Omar Abdi) fou amoureux. Ensemble, et malgré la douleur et la pauvreté, ils rêvent d’un avenir meilleur au creux d’un lit. Pourtant, leur romance a tout d’un interdit, et échappe aux conventions, à tel point qu’elle impose un exil. Mais c’est dans cette dévotion absolue que le récit endosse une dimension universelle, en revendiquant une liberté d’aimer. 

Malgré la violence, Guled et Nasra s’efforcent à maintenir la famille unie. C’est sans compter sur Mahda, leur fils, tiraillé entre un père absent et une mère mourante, qui se révolte pour se sentir exister. Guled passe ses journées à attendre la mort des autres, et ne parvient pas à amasser l’argent suffisant, malgré la solidarité de son entourage. Sa quête dans le désert se mue en un périple dangereux duquel il ne reviendra pas indemne, mais qui prouve son amour inconditionnel. 

Si la mort plane au-dessus de ses personnages, Khadar Ayderus Ahmed célèbre pourtant la vie, au cœur d’une ville lumineuse. Si le film laisse son récit en suspens, La femme du fossoyeur offre une tendre odyssée amoureuse à la frontière d’une Somalie inédite.

Bande-annonce

27 avril 2022 – De Khadar Ahmed


Semaine de la Critique




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