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LA FEMME DE MON FRÈRE

La fiche

Réalisé par Monia Chokri – Avec  Anne-Elisabeth Bossé, Patrick Hivon, Sasson Gabai – Comédie, Drame – Québec – 26 juin 2019 – 1h57

Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation fusionnelle est mise à l’épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d’Eloïse, la gynécologue de Sophia…

La critique du film

Premier film pour une nouvelle vie. Monia Chokri, l’actrice révélée par Les amours imaginaires se laisse enfin porter derrière la caméra avec La femme de mon frère, une auto-fiction qui transpire toutes les émotions les plus profondément enfouies de l’actrice, revêtant désormais la casquette de réalisatrice. Posé à Montréal, le film décrit la vie d’une famille aussi attachante qu’extraordinairement banale : Sophia est brillante mais bloquée dans sa propre routine ; son frère Karim, plus ouvert au monde, rencontre plus ou moins par hasard ce qui pourrait être la femme sa vie. Mais celle-ci est gynécologue et a aidé à l’avortement de Sophia…

De ce point de départ burlesque (mais irrésistible), Monia Chokri transforme cette comédie à la québécoise en drame soudain : la relation frère-sœur (rarement vue au cinéma sous cet angle) ne tombe – heureusement – jamais dans ce cliché qu’est l’inceste. Non, La femme de mon frère provoque avant tout chez le spectateur un sentiment de projection – ça pourrait être notre frère, notre sœur. Mais lorsque l’amour fait irruption chez l’un ou chez l’autre, le lien familial vacille et les limites de l’affection sont redéfinies.

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Proposant son lot de scènes jouées avec une grande finesse (les repas de famille, ce miracle de cinéma), le film est porté par un casting hors-pair – impeccables Anne-Elisabeth Bossé et Patrick Hivon, Sasson Gabai tordant, sans oublier les quelques trouvailles franchement réussies (le cameo sous amphets de Niels Schneider, Magalie Lépine Blondeau totalement incarnée). Vient enfin la mise en scène, frénétique (le montage est remarquable), alignant plans dignes de tableaux et couleurs pop sous influences bleues et roses.

La méthode québécoise peut aujourd’hui être assimilable à une « nouvelle nouvelle vague » – le cinéma de Monia Chokri n’est jamais loin de celui de Dolan – les deux se complètent et aiment tourner avec la même bande de potes. Toujours est-il qu’avec ce premier film jamais prétentieux, toujours audacieux, Chokri s’inscrit déjà comme une auteure qui a le sens du jeu… devant, comme derrière la caméra.



La bande-annonce

Au cinéma le 26 juin




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