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LA BELLE EPOQUE

Victor, un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine, un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour…

Critique du film

Si le premier long-métrage de Nicolas Bedos, Monsieur et Madame Adelman, peinait à tenir sur la longueur, il avait eu au moins le mérite de montrer que, derrière la caméra, ce dernier pouvait avoir plus de finesse que son personnage un brin agaçant qu’il avait créé dans les médias. Et ce n’est pas La Belle époque qui va contredire ce constat. Le second film de Nicolas Bedos est un film populaire (au bon sens du terme) plein d’inventivité, d’émotion, de poésie et d’humour.

Nicolas Bedos a toujours eu un vrai sens de l’écriture et il n’est pas exagéré de dire que le scénario de La Belle époque est tout simplement brillant. Il allie une idée originale (une entreprise propose à ses clients de leur faire revivre grandeur nature, grâce à des comédiens et des décors de studio, leurs propres souvenirs ou des événements historiques marquants) à une trame universelle (la complexité des relations amoureuses, entre réalité et fantasmes), le tout avec une structure audacieuse de mises en abime. Nous suivons donc Victor (Daniel Auteuil), perdu dans notre époque et fraîchement quitté par sa femme (Fanny Ardant), ultra-connectée pour oublier que son couple bas de l’aile. Au bord du gouffre, il choisit de se réfugier en 1974, pour revivre le jour où il a rencontré sa femme.

En pleine nostalgie

Si la reconstitution qui lui est proposée le plonge en pleine nostalgie, elle n’est cependant pas entièrement fidèle à ses souvenirs, et il tombe peu à peu sous le charme de l’actrice interprétant sa femme plus jeune (Doria Tillier). Mais celle-ci entretient une relation complexe avec le metteur en scène des reconstitutions (Guillaume Canet), qui veut la modeler selon ses fantasmes de perfection.

Pas évident de résumer La Belle époque tant son scénario est riche et crée des passerelles entre ses histoires et multiplie les projections entre les personnages. Mais ce qui se dégage finalement de ce récit, c’est avant tout un regard lucide sur notre époque et notre relation au passé et à nos souvenirs. Il y a évidemment de la nostalgie chez Nicolas Bedos dans sa façon de reconstituer le passé et de le mettre en parallèle de notre époque trop numérique, mais pour autant le réalisateur n’est nullement passéiste, et son retour vers le passé ne sert qu’à tenter d’améliorer le présent. Par ailleurs, comme c’était déjà le cas avec Monsieur et Madame Adelman, Nicolas Bedos dépeint la complexité du sentiment amoureux, à travers ces deux couples qui se déchirent mais ne peuvent mettre fin à leur histoire. D’un côté, il y a le poids du temps, assassin, qui passe (Auteuil/Ardant) ; de l’autre, il y a un désir de liberté qui naît d’une oppression maladive (Tillier/Canet).

Nicolas Bedos est aussi à l’aise à mettre en image son histoire qu’à l’écrire. Le film prouve que son auteur a désormais acquis les codes cinématographiques. On soulignera notamment l’excellence du montage, qui met en avant toute la complexité structurelle du scénario, tout en lui assurant une parfaite fluidité et un vrai sens du rythme. Par ailleurs, le réalisateur se veut un très bon directeur d’acteurs. Il tire le meilleur de Daniel Auteuil, candide aux yeux qui brillent, et lui offre sa muse comme partenaire, la pétillante Doria Tillier. On notera aussi la folle prestation de Guillaume Canet, en metteur en scène obsessionnel et amoureux maladif, et tous les beaux seconds rôles, de Fanny Ardant à Pierre Arditi en passant par Denis Podalydès.

Très belle surprise de cette fin d’année, La belle époque est le film populaire français qu’on attendait depuis longtemps, à la fois drôle et touchant, ancré dans son époque mais bercé par une poésie nostalgique.

Bande-annonce

6 novembre – De Nicolas Bedos, avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier




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