L’INVITATION-4-PERSOS

L’INVITATION

Sophie et Nicolas Gravel laissent la capitale derrière eux et s’offrent une nouvelle vie en province avec leur jeune fils, Maxime. Ils font rapidement la connaissance de leurs voisins, Angela et Patrice Maupin. Un après-midi, Angela invite Maxime à venir jouer avec leur fils du même âge. Peu de temps après, Sophie trouve son fils quelque peu éteint et découvre des marques étranges dans son dos. Suspicieuse, elle se met à fouiller la vie et le passé des Maupin…

Critique du film

Sophie et Nico viennent de quitter Paris pour emménager en province avec leur fils de 7 ans, Max. Leur quiétude est cependant troublée par leurs voisins au comportement inquiétant. Avec ses pavillons de banlieue proprets, ses familles nucléaires heureuses en apparence et ses enfants mutiques, L’invitation a tout du film d’horreur traditionnel. Il en reprend la recette magique et éprouvée : un couple et sa progéniture emménagent dans une nouvelle maison mais, malgré leur bonne volonté, rien ne se passe comme prévu. Fred Grivois témoigne ici de sa bonne connaissance des codes de l’elevated horreur à l’américaine, dont il reproduit les effets avec un soin scrupuleux, allant de l’étalonnage bleuté et lisse, très Mike Flanagan, aux ambiance sonores angoissantes, remplies de violons stridents.

A travers ce film d’enfant sage, il réussit à instiller une atmosphère pesante, à la photographie soignée et à la froideur polaire. Néanmoins, ces choix esthétiques ne parviennent pas à racheter les trébuchements de l’intrigue, qui, sans compter son manque d’originalité (Apparence trompeuse, film d’horreur réalisé par Veena Sud en 2018, offrait grosso modo le même dénouement et la même tension), pâtit d’un manque de cohérence et de subtilité. La question subsiste de savoir où se situe la “campagne” que les personnages ne cessent de mentionner mais qui n’apparaît finalement jamais à l’image. Les tentatives d’humour de l’oeuvre, allant des collègues à postiche de Nico aux remarques sur le derrière de Sophie, dont la nudité nous est offerte plus d’une fois sans raison valable, sont assez malvenues. Enfin, l’origine ethnique de Max, l’enfant métis du couple très blanc formé par Guillaume Gouix et Margot Bancilhon, est un autre détail troublant que le film omet d’éclaircir.

L'invitation
Le véritable bémol se situe néanmoins au niveau des dialogues, lourds et caricaturaux, qui peinent à dresser un portrait crédibles de personnages supposément hauts en couleurs, pourtant campés par des acteurs et actrices intéressants, comme Alysson Paradis, une habituée du film de genre à la française depuis le remarqué À l’intérieur où elle donnait la réplique à Béatrice Dalle en 2007. En voisine néo-hippie, échangiste et « franglaise », elle souffre ici, comme ses confrères, d’une direction questionnable et trop superficielle. Difficile, dans ces conditions, d’éprouver beaucoup d’empathie pour le duo de Nico et Sophie, dont le bonheur conjugal est uniquement esquissé au travers d’une scène de sexe en ouverture, et qui ont tout des bobos parisiens intolérants, désagréables et propres sur eux, incapables de tolérer les jeunes, les pauvres, les américains, bref, personne.

Si le film parvient à se saisir avec ironie et intelligence de cette thématique, les cinq dernières minutes, relativement prévisibles, ne suffisent malheureusement pas à insuffler à l’histoire l’énergie grinçante qui lui manquait jusque-là. L’invitation, non dénué de bonnes idées et qui réussira sans aucun doute à remplir les objectifs d’une soirée télé en famille, prouve une fois de plus que le cinéma de genre à la française aurait tout à gagner à se faire confiance et à rompre ouvertement avec les normes américaines plutôt que de tenter une francisation excessive et maladroite.

Bande-annonce

21 décembre 2021 – de Fred Grivois, avec Margot Bancilhon, Guillaume Gouix et Alysson Paradis.


Disponible sur OCS en exclusivité




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