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L’ÉCOLE DU BIEN ET DU MAL

À Gavaldon, deux filles pas comme les autres, Sophie et Agatha, partagent la même passion pour les mondes enchantés. Sophie, couturière aux cheveux blonds, rêve d’échapper à sa morne existence pour devenir princesse, tandis qu’Agatha, avec son esthétique plus austère et sa mère excentrique, a l’étoffe d’une sorcière. Une nuit, sous une lune rouge sang, une force irrésistible emporte les deux amies jusqu’à l’École du Bien et du Mal, l’endroit où tous les contes de fées commencent vraiment. Une fois sur place, rien ne se passe comme elles l’auraient voulu : Sophie est catapultée à l’École du Mal dirigée par la très chic Lady Lesso à la langue acérée, et Agatha débarque à l’École du Bien supervisée par la gentille et solaire professeure Dovey. 

Critique du film

Il était une fois, dans un temps situé à la toute fin des années 90, un réalisateur et scénariste nommé Paul Feig va contribuer à un nouveau regard porté sur le monde adolescent par la télévision. Pour la chaîne américaine NBC, il va créer Freaks and Geeks. La série raconte le quotidien d’adolescent.e.s dans un lycée du Michigan durant les années 80 , à travers le point de vue de deux groupes : les « Freaks », considérés alors comme les marginaux turbulents de l’établissement, et les « Geeks », ceux qui passent leur temps à rire devant les films de Steve Martin et à jouer à Donjons et DragonsL’incursion de Lindsay et Sam Weir dans ces univers va alors ébranler la certitude selon laquelle il est impossible que les fauteurs de trouble et les surdoués puissent se fréquenter.

Poignant dans sa peinture réaliste et douce-amère qui est faite de l’adolescence, Freaks and Geeks devient le premier coup d’éclat de Feig. S’en suit alors une exploration des genres cinématographiques (du thriller comique à la comédie de mariage, en passant par le film de Noël), continuant de développer des thématiques présentes dans la série, notamment celles des relations sociales. Il  retrouve, avec son nouveau film, les bancs de l’école. Cette production Netflix, adaptée d’un roman young adult du même nom écrit par Soman Chainani, L’école du Bien et du Mal offre un récit étonnamment réjouissant qui n’est pas sans rappeler les aventures d’un certain sorcier à lunettes…

On se demande tout d’abord ce que l’on fait devant L’École du Bien et du Mal, dès cette séquence d’introduction interminable, où les effets spéciaux ne paraissent pas encore achevés, présentant une énième lutte fraternelle symbolisant les forces du bien et du mal. Puis, accompagné par la voix de Cate Blanchett en tant que narratrice, le film nous aborde sur un autre terrain. Celle qui est chère à Paul Feig dans toute sa filmographie : l’amitié féminine. Si le lien entre Sophie (Sophia Anne Caruso) et Agatha (Sofia Wylie), héroïnes du film, va connaître toutes les conventions du genre (dévouement puis sentiment de trahison puis réconciliation…), elle est ce qui porte littéralement le film et son propos.

L'école du bien et du mal

En effet, non seulement elle relègue son casting prestigieux (Kerry Washington, Charlize Theron, Michelle Yeoh, Laurence Fishburne) au rang de figurants, mais surtout elle rafraîchit le mythe élitiste d’Harry Potter selon lequel nous sommes déterminés à n’appartenir qu’à un groupe social distinct. Cette opposition entre le Bien et le Mal, comme celles des Freaks et des Geeks auparavant, sera bien évidemment plus compliquée que cela. Pour traiter ce conflit initialement présenté comme binaire, Feig insuffle un esprit chaotique, presque punk, à son récit. Par une direction artistique foisonnante de trouvailles fantastiques, comme si les créatures terrifiantes et étonnantes des films fantastiques de Jim Henson s’incrustaiient dans les locaux de Poudlard, le film s’affirme suffisamment solide pour tenir en haleine durant les 2h30 constituant sa durée.

Promis à une suite, si l’on en croit la dernière séquence, L’École du Bien et du Mal est une relecture plaisante de la littérature fantastique Young Adult. Paul Feig conserve la singularité de son œuvre, mêlant potache et récit initiatique attendrissant, tout en réussissant à s’improviser conteur pour un public familial.

Bande-annonce

19 octobre 2022 (Netflix) – De Paul Feig, avec Rosie GrahamSophia Anne CarusoSofia Wylie




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