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KUNDUN

À travers l’histoire de la quatorzième réincarnation du Bouddha de la Compassion, de son plus jeune âge à l’invasion du Tibet par l’armée de Mao et à son exil en 1959, hommage au dalaï-lama. « Kundun », c’est l’aventure d’un jeune homme qui se forge en quelques années une stature de leader et reste fidèle à ses principes de non-violence pour conduire son peuple à travers l’une des périodes les plus tourmentées de son histoire.

Critique du film

Il est de notoriété publique que Martin Scorsese hésita longtemps dans sa toute jeunesse entre le cinéma et la prêtrise. Ayant vécu une enfance marquée par l’asthme et une surprotection familiale liée à cette maladie, les seuls endroits où pouvait se rendre le jeune Martin étaient l’église et les salles de cinéma. La foi chrétienne de ce réalisateur et l’influence de la religion ont fortement marqué son œuvre à travers des thèmes récurrents comme celui de la culpabilité par exemple – surtout quand il collabora avec Paul Schrader, autre grande figure torturée par des questions métaphysiques ou spirituelles – , mais lui ont aussi inspiré trois films autour des thèmes de la spiritualité ou de la foi : La Dernière tentation du Christ – d’après le livre de Nikos Kazantzakis – en 1988, Kundun en 1997 et Silence en 2016. Trois longs-métrages qui malgré des thématiques chères à leur réalisateur ont été parfois sévèrement jugés, quand ils n’ont pas été totalement rejetés ou l’objet de haines extrémistes – l’incendie du cinéma l’Espace Saint Michel où était projeté La Dernière tentation du Christ est encore dans toutes les mémoires des cinéphiles qui ont connu cette époque. 

Concernant Kundun, qui nous occupe ici, on lui a beaucoup reproché d’être une hagiographie de Tenzin Gyatso, XIVème Dalaï-Lama, histoire joliment mise en images mais manquant singulièrement de nuances quant à la vision de son protagoniste principal. Rappelons que le scénario fut écrit par Melissa Mathison, qui avait écrit E.T. l’extra-terrestre pour Steven Spielberg et que la société de production n’était autre que Touchstone, « filiale adulte » de Disney…

Ces films autour de la foi méritent très certainement d’être réévalués. Pour ce qui est de Kundun, l’implication de Martin Scorsese semble avoir été totale, le réalisateur ayant été particulièrement sensibilisé par l’esprit de compassion porté par le bouddhisme et la figure emblématique autour de laquelle le film tisse un entrelacs de scènes. Scènes auxquelles on pourrait reprocher de manquer d’unité, mais qui sont pour beaucoup inoubliables. Citons les scènes de cauchemars, réellement marquantes, celle du devin qui entre en transe ou encore celles des exactions de l’envahisseur chinois. Formellement le film s’avère une splendeur, à l’image des mandalas tibétains. Cette esthétique remarquable se trouve accentuée par la bande son composée par Philip Glass, grande figure de la musique dite répétitive ou minimaliste, qui avait déjà signé notamment avec brio celle du Mishima de Paul Schrader. Tour à tour sereine, angoissante ou incitant à l’introspection, cette bande originale est sans conteste un des atouts majeurs de ce long-métrage qui à travers l’histoire du Dalaï-Lama, de sa reconnaissance comme réincarnation du défunt chef spirituel l’ayant précédé jusqu’à sa fuite et son exil en Inde, contribua peut-être à mieux faire connaître une culture et une spiritualité. 

Kundun brille peut-être plus par sa richesse formelle que par son scénario mais force est de constater qu’on a ici à faire à une œuvre cinématographique forte et à voir de préférence en salle obscure et sur grand écran. Un grand spectacle au sens noble du terme.   


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