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KLAUS

Jesper est le fils d’un richissime dirigeant de services postaux. Fainéant, il se distingue rapidement comme le pire élève de son école de facteur. En guise de punition, il est envoyé à Smeerensburg, une petite île enneigée située au nord du Cercle Arctique. Son objectif : redynamiser le service postal local, en traitant l’envoie d’au moins six milles lettres, sous peine d’être déshérité par son père. Très vite, Jesper comprend que sa mission est quasiment impossible, l’île étant peuplée par deux clans, les Ellingboe et les Krum, qui s’affrontent et se haïssent depuis des générations. Autant dire que les correspondances seront difficiles. Néanmoins, c’est en faisant la rencontre de Klaus, un vieux menuisier vivant seul dans son chalet rempli de jouets anciens, que Jesper trouve le moyen de réconcilier les habitants entre eux. Petit à petit, les voisins se parlent, les enfants jouent, et vont à l’école pour écrire des lettres à Klaus, en échange de quoi ils recevraient chez eux l’un des jouets qu’il a fabriqué…

Critique du film

Attendu sur Netflix le 15 novembre, après avoir été présenté en Work in Progress au festival d’Annecy, Klaus éblouit tout d’abord pour sa prouesse technique, et, in extenso, pour la beauté de sa mise en scène. En délaissant l’image matricielle (composée de pixels) au profit de l’image vectorielle (somme de formes géométriques aux attributs spécifiques), le film rappelle l’animation traditionnelle, sans pour autant en restituer le « trait ».

Aussi peut-on, dès à présent, balayer l’idée d’un « retour » à la tradition, tout simplement parce que les animateurs ont dépassé les limites techniques en vigueur, afin de transcender les volumes et les profondeurs. Avec la mise au point de nouvelles techniques d’éclairage, les silhouettes réfléchissent la lumière avec une impression de réalité assez fascinante. Rien n’est plat, tout s’illumine avec grâce, des toits enneigés de Smeerensburg à la cime des arbres lorsque le soleil commence à poindre.

Lumière polaire

De même, la caractérisation physique des personnages est absolument remarquable, dans la mesure où elle permet d’exprimer, via l’animation elle-même, une quantité phénoménale d’émotions. Chaque personnage à son rythme, du très bondissant Jesper à l’armoire à glace qu’est Klaus, sans parler des innombrables personnages secondaires. De grands hommes rachitiques, des colosses potelés, des vieilles femmes biscornues, le film est un carnaval de corps et de figures absolument passionnants à voir évoluer dans l’espace et dans le récit.

La légende de Klaus sur Netflix
La caractérisation dramaturgique des personnages ne peut en revanche prétendre à la même audace que leur incarnation visuelle. À l’image du storytelling, globalement prévisible (chemin de conscience du héros égoïste, révélation de l’humanité de personnages qui l’avaient perdue, etc.), certains personnages frôlent le déjà-vu. Prenons l’exemple de Jesper, le héros, dont les traits de caractère rappellent assez rapidement la peur et la suffisance d’un Kuzco ou d’un Goudurix (Asterix chez les vikings), ainsi que l’égoïsme (transformé en héroïsme) d’un Rocky (Chicken Run). De même, son duo avec Klaus évolue en terrain connu (le petit, nerveux et peureux, et le grand costaud, avare en parole et courageux). Ce petit défaut ne doit cependant pas occulter l’ambition du film à vouloir réinventer une mythologie connue de tous : celle du père Noël.

La réinvention d’une mythologie ?

Délaissant globalement le fantastique (tout du moins jusqu’à son dénouement…), le film prend le parti d’une « origin story » humaine, voire réaliste de Santa Claus. Pas besoin d’une surabondance de merveilleux, la lumière s’en chargeant déjà avec une délicatesse encore une fois remarquable. En ce sens, Klaus se distingue par exemple d’un film animé Disney, où la magie permet de débloquer aisément certaines situations, dans un entrain joyeux et spectaculaire. Ici, les animaux restent sauvages, le vent glacial s’infiltre dans les maisons, le burlesque côtoie la violence (les affrontements entre les deux familles rappellent d’ailleurs clairement certaines scènes de Gangs of New York), et Klaus est un humain, qui vieilli. Sans concession, le film de Sergio Pablos ménage presque jusqu’au bout le substrat magique de son matériau de base, afin de le faire culminer dans un dénouement, émouvant sans être triste, et merveilleux sans être outrancier.

Même si l’on pourrait émettre quelques petites réserves très ponctuelles, Klaus est un film plastiquement sublime, aux partis pris forts, qui saura ravir petits et grands à l’approche des fêtes.

Bande-annonce

15 novembre 2019 (Netflix) de Sergio Pablos

Avec les voix d’Alex Lutz, Ludivine Sagnier, François Berléand




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