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KEEP YOUR HANDS OFF EIZOUKEN !

Midori Asakura est en première année de lycée et elle adore tellement l’animation qu’elle conceptualise tout ce qui l’entoure en dessin animé. Bien qu’elle dessine constamment sur son carnet de croquis, elle n’a jamais osé créer un animé, insistant sur le fait qu’elle ne pourrait s’en charger seule.

Critique de la série d’animation

Après sa prodigieuse relecture moderne du manga Devilman de Gô Nagai sur Netflix, c’était peu dire que la prochaine série de Masaaki Yuasa serait attendue avec impatience. Avec Keep Your Hands Off Eizouken!, Yuasa renoue avec son style hautement chaotique mais profondément sérieux pour déclarer son amour de l’animation. 

Au fil des années, ses expérimentations visuelles et narratives ont fait de lui l’un des grands maîtres du cinéma d’animation contemporain. Le style de Yuasa a su conserver ses origines underground, son goût de la bizarrerie plastique, et la nervosité de la mise en scène. Contrairement à Ride Your Wave, son précédent film, dont le scénario et l’esthétique académique sonnait comme une aberration chez Yuasa, Keep Your Hands Off Eizouken! apparaît comme un retour à la normale pour le réalisateur. 

RETOUR AUX SOURCES

Cette normalité « Yuasa-esque » ne passe pas tant par son scénario. Yuasa opte pour Keep Your Hands Off Eizouken! une narration linéaire, comme pour Ping Pong par exemple, propice à une série classique. On est loin de l’explosion narrative de la virtuose série The Tatami Galaxy, sans que ce soit un tort, car c’est dans sa mise en scène que Yuasa brille. Chez le réalisateur, la caméra semble invertébrée, bardée d’ailes et de muscles surpuissants, offrant tous les mouvements qu’il paraît possible de composer, se calquant – à moins que ce ne soit l’inverse – sur les corps par moments désarticulés des personnages, comme un refus de l’anatomie pour une sensibilité accrue. Une certaine idée de ce qu’offre le cinéma, mais a fortiori l’animation : une infinité de mise en scène potentielles, qui n’ont de limites que l’imagination de son réalisateur. 

Ce retour aux sources passe aussi par une véritable recherche esthétique. Géniale incarnation de cette nécessité de faire de l’animation, Midori et ses amies « voient » leurs animés prendre vie dans leur vie quotidienne. Cette synesthésie de l’animation prend place avec des éléments plus crayonnés, qui traversent naturellement l’environnement des personnages, n’hésitant pas une seule seconde à prendre tout l’espace narratif et plastique. Un choix esthétique, mais surtout un tropisme pour les animatrices en herbe, qui – littéralement – ne peuvent s’empêcher de penser de manière animée. Un choix esthétique formidable, au service d’un scénario d’accomplissement lycéen humble et drôle, qui permet à Masaaki Yuasa de témoigner son amour profond pour l’animation, de celles et ceux qui en ont choisi la vocation, voire la mission, et de ceux qui aiment en regarder.


Disponible sur Crunchyroll


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