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JUNK HEAD

L’humanité a réussi à atteindre une quasi-immortalité. Mais à force de manipulations génétiques, elle a perdu la faculté de procréer, et décline inexorablement. En mission pour percer les secrets de la reproduction, Parton est envoyé dans la ville souterraine, où vivent des clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs…

CRITIQUE DU FILM

Alors que l’humanité a réussi à atteindre une quasi immortalité, celle-ci a perdu la faculté de créer à force de manipulations génétiques. Un être humain est alors envoyé dans la ville souterraine afin de percer les secrets de la reproduction. Junk Head est une dystopie assumée en stop motion, le tout sur fond de science fiction japonaise, le film fait salle comble au Japon pendant deux semaines en mars 2021 et se classe au premier rang du box office indépendant. Mais est-ce vraiment mérité ?

Un film foisonnant de références

Objet cinématographique intéressant, intrigant et niche évidente de spectateurs, Junk Head foisonne de références multiples. Les fervents admirateurs de science-fiction et notamment de Star Wars, Dune, d’Alien ou encore de Matrix, y trouveront obligatoirement une certaine joie en apercevant ça et là des détails, mêmes infimes, de leurs films favoris. Le stop-motion, quant à lui, amène à cet univers, une réelle force de précision et de persuasion dans le style qu’elle possède. L’économie de moyen, intégrée dans l’univers du film ainsi que dans la conception de figurines créées de toutes pièces pour le long-métrage, se révèle d’une efficacité redoutable.

Bien que les décors semblent tous du même acabit et se ressembler les uns les autres, Junk Head parvient à les faire s’affirmer par le biais de nouvelles touches qui leur permettent de se distinguer les uns des autres, les rendant alors assez uniques. Cet aspect « carton-pâte » / « matériaux de premières nécessités » qui suintent des éléments de mise en scène, donne au long-métrage une réelle consistance ainsi qu’une vraie volonté d’ancrer l’univers filmique dans une dimension imaginative et inventive.

Junk Head

Junk Head nous fait perdre la tête

On regrette tout de même que le passé des personnages, et notamment de celui de Parton, le protagoniste principal, n’ait pas été davantage exploré afin de mieux appréhender son parcours. Ainsi, le film aurait pu s’ouvrir à une plus large catégorie de spectateurs sans l’enclaver à un profil unique – en arguant par exemple de dévoiler et de décortiquer de manière plus poussée la société humaine et sa lente déchéance. Takahide Hori délaisse cette partie de la narration et la survole sans aller réellement dans ce qui fait le fondement même de cette société « dystopique ».

C’est là que le bât blesse. Junk Head n’analyse jamais en profondeur les fondements de sa nouvelle société. Le film se repose sur ses acquis, notamment en ce qui concerne son scénario, certes intelligent dans le propos qu’il tient, qui semble plonger dans un inlassable combat ne cessant d’opposer les créatures au personnage principal. Les effets de surprise égrainés au fil de l’intrigue s’estompent et nous entrainent dans une certaine torpeur qui rendent perméable à l’action qui se déroule sur l’écran.

Junk Head laisse l’impression d’être prisonnier d’une boucle scénaristique, qui tournerait en rond, sans ouvrir la voie à de nouveaux passages qui auraient pu s’avérer séduisants. Les quelques chemins de traverse narratifs qui font souffler un vent de fraîcheur ne s’avèrent malheureusement pas assez consistants pour tenir en haleine durablement.

Bande-annonce

18 mai 2022De Takahide Hori




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