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JARDINS DE PIERRE

1969 en Virginie. Dans le cimetière d’Arlington, immense « jardin de pierre », Jackie Willow est inhumé avec quinze de ses camarades. Le sergent Hazard, présent à la cérémonie, retrace l’histoire personnelle de ce soldat qu’il a jadis chaperonné. Parti pour le Vietnam la tête pleine d’idéaux, le naïf Willow s’aperçoit avec désespoir que cette guerre n’aurait jamais dû avoir lieu.

Guerre et sentiments

Tourné en 1986, un an après Peggy Sue s’est mariée, film avec lequel il partage une vision désenchantée d’une Amérique débarrassée de ses oripeaux et confrontée à une certaine monotonie, Jardins de pierre constitue un très beau mélodrame sur fond de guerre et de sentiments : une histoire d’amour entre un militaire et une pacifiste, mais aussi amour filial entre un homme d‘âge mûr et un jeune homme considéré comme un fils de substitution.

Le personnage du sergent Hazard, qui permettait alors à James Caan d’offrir une de ses plus mémorables interprétations, peut être considéré comme un soldat d’expérience mais revenu de ses illusions sur la guerre en général et celle du Vietnam en particulier, qui pour lui n’est pas comme les autres. Conscient du bourbier que constitue ce conflit et du sacrifice inutile qu’on impose à toute une génération, Hazard n’a qu’une seule obsession en cherchant à se faire muter dans un camp d’entraînement : aider les jeunes recrues à survivre et à échapper à un abattoir certain. Profondément humain et protecteur, Hazard se méfie des idéologies qu’il s’agisse d’un patriotisme aveugle ou d’une contestation pacifiste qu’il juge violente. 

On notera également les très belles interprétations d’Anjelica Huston en journaliste engagée, James Earl Jones en sergent-chef grande gueule et meilleur ami de Hazard et D.B. Sweeney en jeune recrue idéaliste. La qualité de jeu, les rapports entre les différents personnages font l’objet de très belles scènes – le repas entre les deux couples, la beuverie entre soldats – qui renvoient aux grandes heures du cinéma hollywoodien consacré à la vie militaire.

Jardins de pierre film

On pense à John Ford mais aussi à Fred Zinnemann pour l’évocation du quotidien dans une garnison ou un camp d’entraînement. La scène classique de la revue de chambrée avec inspection de la propreté constitue un moment particulièrement savoureux avec un James Earl Jones qui prend un malin plaisir à impressionner les jeunes militaires. L’aspect théâtral de certaines de ces pratiques est d’ailleurs souligné par ce personnage qui fait allusion au Kabuki lors d’un dîner. 

Evoquant la guerre du Vietnam, sans jamais céder au spectaculaire, mais en livrant une fresque intimiste, profonde et émouvante, Francis Ford Coppola réalisait avec cette œuvre sensible un de ses films les plus personnels. Jardins de pierre ne connut pas un grand succès en salles en France à sa sortie, peut-être en raison de son refus de l’esbrouffe, de son rythme qui peut sembler relativement lent, mais qui est en parfaite cohérence avec sa thématique et sa vision d’une vie marquée par la perte, le deuil et l’absence en général – Hazard est divorcé et ne voit plus son fils.

Avec Jardins de pierre, comme avec Peggy Sue s’est mariée, Coppola avait fait d’une commande un film sur lequel il avait profondément imprimé sa marque d’auteur et certains de ses thèmes de prédilection : la famille, la guerre, les rituels, la construction circulaire – le film débute et s’achève sur la même scène. Une œuvre marquée par une tristesse infinie et aux résonnances autobiographiques – Coppola fut frappé par la mort de son fils avant le tournage du film.


Disponible en vidéo chez Carlotta Films


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Suppléments communs aux éditions DVD, Blu-Ray et Combo collector : Fantômes de guerre (20 minutes) : Analyse de Jean-Baptiste Thoret / Bande-annonce originale / Memorabilia contenus dans le Combo collector : Fac-similé du dossier de presse français d’époque, Jeu de 5 photos, Affiches

 




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