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J’AI PERDU MON CORPS

Synopsis : À Paris, la main tranchée d’un jeune homme s’échappe d’une salle de dissection, bien décidée à retrouver son corps. Au cours de sa cavale semée d’embûches à travers la ville, elle se remémore toute sa vie commune avec lui, jusqu’à sa rencontre avec Gabrielle.

La critique du film

Depuis quelques mois à peine, le nom de Jérémy Clapin est sur toutes les lèvres. Récompensé du Grand Prix à la Semaine de La Critique en mai dernier, suivi d’un passage remarqué au Festival International du Film d’Animation d’Annecy, J’ai Perdu Mon Corps a fait l’effet d’une bombe inattendue. Produit par Xilam – le même studio aux commandes de Oggy et les Cafards -, le film offre un film d’animation adulte d’une poésie renversante. 

Le Monde selon Jérémy Clapin 

Paris dans les années 90. Paris est froid, Paris est lugubre. Infestée de monstres ordinaires, de vermines qui pullulent dans les souterrains, la ville devient un labyrinthe dangereux pour une main coupée en quête de son propriétaire. J’ai Perdu Mon Corps fait le pari risqué de ne jamais anthropomorphiser son personnage. Et c’est sans-doute le grand tour de force du film : parvenir à émouvoir à partir d’un objet sans vie. La main tient en elle les réminiscences du passé de son propriétaire, Naoufel.

Du sable chaud qui glisse entre les doigts, des mains qui frôlent les touches d’ivoires d’un piano, aux rampes d’immeubles insalubres  de Paris : la main de Naoufel s’imprègne du temps qui passe. Le corps transcende la matière et devient vie, dans laquelle se lisent les signes du temps. Par son mélange d’animation 2D et 3D, le film possède une forme organique, presque palpable qui décuple l’émotion, accompagné par la musique mélancolique de Dan Levy.

Le parti pris fantastique de J’ai Perdu mon Corps n’entrave pourtant en rien son réalisme. Le film se joue sur deux échelles : celle quasi-horrifique de la main tranchée, livrée à elle-même dans un Paris lugubre et dangereux. Souvent d’une violence cruelle, le film transforme la ville en sinistre labyrinthe où rats et  pigeons deviennent des monstres sanguinaires. Pourtant, le film alterne avec une aisance déconcertante avec des moments d’onirisme délicats. L’accident de la vie a propulsé Naoufel dans une vie sordide et triste, après une enfance lumineuse où tout lui semblait possible. Sa rencontre inattendue avec Gabrielle devient l’unique phare dans l’horizon, qui illumine un monde imprévisible, d’une laideur sans nom. 

J’ai Perdu Mon Corps est l’histoire, plus universelle, d’une résilience guidée par un amour timide qui rappelle sans cesse le caractère indéterminé de la vie. En ressort un film d’une maîtrise remarquable, enveloppée dans une poésie sensible et existentielle. Un tel succès prouve que l’animation française a encore de beaux jours devant elle, et le destin lui aura été favorable : on tient ici sans aucun doute un des plus beaux films de l’année.



Bande-annonce

Grand Prix à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2019

Cristal et Prix du public au festival d’Annecy

 




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