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IT’S A SIN

Ritchie, Roscoe et Colin débarquent à Londres en 1981. Les jeunes hommes vont commencer leur vie d’adulte avec un virus nouveau qui se propage dans la communauté gay. C’est l’histoire de leurs amis, de leurs amants et de leurs familles.

Critique de la série

« Il est terrible, délicat, mais c’est un honneur d’écrire sur ce sujet« , affirme Russel T.Davies dans le dossier de presse. Le Britannique, à qui l’on doit le revival de Doctor Who et la parfois prémonitoire et toujours flippante Years and Years, a signé quelques unes des séries les plus marquantes la culture pop LGBT (Queer as Folk et la triade Cucumber, Banana, Tofu) mais il n’avait jamais abordé en profondeur les questions du VIH et de la sérophobie (terme recouvrant les différentes formes de discriminations envers les personnes séropositives). C’est désormais chose faire avec It’s a Sin qui retrace la première décennie des « années sida »,  de 1981 à 1991, au Royaume-Uni. À l’époque, il était dans sa vingtaine et, étant gay lui-même, sait très bien à quel point cette période fut tragique pour la communauté LGBT.

À travers cette mini-série chorale, il raconte les drames humains et surtout l’homophobie, celle des stigmatisations, insultes et agressions du quotidien aussi bien que l’homophobie institutionnelle… « Ce sont des histoires comme celles-ci qui ont besoin d’être répétées encore et encore« , déclare Russel T. Davies. Il s’adresse aussi bien aux jeunes générations qui ignorent ou méconnaissent l’ampleur de la tragédie qu’à celles qui les ont précédées et « ont préféré oublier cette époque si pénible« , comme il le dit. Le scénario marche sur un fil ténu, notamment lorsqu’il aborde des scènes déchirantes, mais ne trébuche jamais dans le pathos de mauvais goût ou la sensiblerie bon marché. Ces séquences sont la plupart du temps contrebalancées par l’intrusion d’un humour, parfois audacieux, mais qui ne tombe pas, là non plus, dans l’irrespect envers les personnes concernées.

Les personnages mis en scène ne sont pas – même si on peut le craindre au premier abord – enfermés dans un stéréotype (le coincé, l’oiseau de nuit, le volage…) et, s’ils sont immédiatement attachants, ne manquent pas d’aspérités ou de défauts, à l’image de l’égocentrique Ritchie (Ollie Alexander) qui se laisse absorber par ses rêves de carrière (ce qui peut cependant être une manière de se protéger d’une réalité insupportable). Au milieu de tous ces hommes, il y a une femme, Jill  – formidable Lydia West -, inspirée d’une amie de jeunesse de Russel T. Davies (Jill Nalder, qui incarne la mère de son double de fiction). Elle est le cœur battant de ces cinq épisodes, incarnant la bonté, le dévouement, l’engagement et la colère. Cette héroïne apporte une dimension politique à la série qui ne parle pas de militantisme (contrairement à 120 Battements par minutes, le film de Robin Campillo auquel d’aucuns tentent de rapprocher, hâtivement, It’s a Sin).

S’il est difficile de retenir ses larmes aux fils des cinq épisodes, Russel T. Davies refuse la complaisance dans l’apitoiement et insiste pour que la pulsion de vie triomphe, il montre la mort pour rappeler la beauté de ce qui fait l’existence, avec, en tête de liste l’amour et l’amitié.


Disponible sur MyCanal et diffusée chaque lundi soir sur Canal+


PENDANT LE CONFINEMENT / LE COUVRE-FEU, DANS LES SÉANCES BUISSONNIÈRES, UN MEMBRE DE L’ÉQUIPE VOUS RECOMMANDE UN FILM (OU UNE SÉRIE) DISPONIBLE ACTUELLEMENT EN STREAMING LÉGAL, REPLAY OU EN VIDÉO.



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