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HIGH FLYING BIRD

La fiche

Réalisé par Steven Soderbergh  – Avec Andre Holland, Zachary Quinto, Kyle Maclachlan…
Etats-Unis – Drame – Sortie (Netflix) : 8 février 2019 – Durée : 90 mn

Synopsis : En plein blocus de la ligue professionnelle de basket, l’agent sportif Ray Burke se retrouve au centre d’une querelle opposant joueurs et officiels. Alors que sa carrière est en jeu, Ray voit grand. Avec seulement 72 heures pour trouver un plan, il parvient à défier les meilleurs joueurs grâce à une faille qui pourrait changer à tout jamais l’histoire du basket américain. Au final, qui est le vrai maître du jeu ?

La critique du film

Une nouvelle lubie pour Steven Soderbergh : au diable la pellicule, le numérique, faire place à une méthode de tournage plutôt inédite, le smartphone. De quoi en faire frémir son ami Christopher Nolan (les deux réalisateurs se sont taquinés sur le sujet). Soderbergh, cinéaste visionnaire (oui, on peut le dire) avait déjà tenté le risque, l’an dernier, avec sa pastille horrifique Paranoïa. Un parti pris qui est en réalité une véritable mine d’or idéologique pour Netflix ; la plateforme aime le subversif, surtout quand celle-ci vient d’un réalisateur réputé. Celui à qui on doit Ocean’s Eleven et Sexe, mensonges et vidéo revient sur petit écran avec son premier film sportif : High Flying Bird. Une chose est sûr, il s’y sent bien, lui qui se complait dans l’expérimentation de l’image. Mais qu’en est-il du spectateur ?

Avec High flying bird, Soderbergh s’offre un changement de registre plutôt intéressant, insufflant dans ses images tournées à l’iPhone 7 un sentiment d’immersion inédit. Dès la scène d’ouverture, dans un restaurant vintage new-yorkais, la caméra est d’une remarquable fluidité. Le réalisateur se balade, filme ses personnages et renouvèle le champ-contrechamp et débute son long-métrage sur une discussion. Il nous présente celui qui figurera sur 80% des plans : Andre Holland aka Ray, agent sportif de son interlocuteur Erick (Melvin Gregg).

High Flying Bird se résume en un cocktail de manipulation(s) et de jeux de pouvoir(s), que Soderbergh calque sur le monde impitoyable du sport – ici, la NBA. D’abord projetés chez les Harlem Globetrotters, on navigue dans un film bavard mais important, qui explique comment des propriétaires blancs ont réussi, en définitive, à construire un véritable empire du divertissement (à la hauteur d’un milliard de dollars !) au détriment d’athlètes majoritairement noirs.

Des étoiles qui ne brillent pas

Sans trop en dire sur le scénario du film, force est de constater que la démonstration de Soderbergh palpite avec carence. High Flying Bird manque cruellement de propositions de cinéma (quand même bien le film soit diffusé sur Netflix) pour rendre service à son histoire, qui demeure peu indulgente envers le néophyte qui n’y connaitrait pas grand chose.

Le réalisateur profite néanmoins d’une bouée de sauvetage, sur laquelle il semble s’accrocher : sa belle distribution. Du bureaucrate Zachary Quinto au suspicieux Kyle MacLachlan (trop rare au cinéma), le film met aussi en scène le talentueux Caleb McLaughlin, abonné à Netflix puisqu’il a été lancé par Stranger Things. Mais malgré son duo explosif (Zazie Beetz dans la peau de Sam, ex-assistante de Ray et l’impitoyable Sonja Sohn en Myra), High Flying Bird patine un peu. Heureusement, dans l’élan d’un script et d’une production politique, donc démonstrative, ce semi huis-clos à Manhattan se regarde avec un certain intérêt. Soderbergh croque avec audace le cœur de la Big Apple mais il en garde le reste, égoïstement.



La bande-annonce




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