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HHhH

Déconcertant

1942. Reinhard Heydrich, bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo, architecte de la Solution finale, est la cible d’un attentat à Prague. Celui-ci est perpétré par deux jeunes soldats, le Tchèque Jan Kubis et le Slovaque Jozef Gabcik qui ont rejoint la Résistance pour libérer leur pays occupé par les nazis.

Adapter, c’est trahir.

« Le cerveau d’Himmler se nomme Heydrich », en allemand, ça donne « Himmlers Hirn heißt Heydrich », le surnom donné par les SS à Reihnard Heydrich. En ne gardant que les premières lettres de chaque mot, on obtient HHhH, qui a donné son titre au livre de Laurent Binet, prix Goncourt du premier roman 2010, désormais porté à l‘écran par Cédric Jimenez. La tâche du réalisateur de La French était ardue car cet opus avait la réputation d‘être inadaptable. Et pour cause : tout en retraçant un fait historique, l‘auteur s‘interrogeait sur sa légitimité, en tant qu‘écrivain, à exploiter ce matériau pour composer son roman. Ces questionnements philosophiques sur la réalité et la fiction, la véracité et le travail d‘imagination, n‘ont semble-t-il pas taraudé le cinéaste qui a co-rédigé le scénario avec Audrey Diwan et David Farr. Il ne reste, dans le film, que la trame historique – principale trahison, donc, à l‘essence du livre, qui se déroule en deux temps, en deux chapitres.

Le premier raconte l‘ascension de Reinhard Heydrich dans l‘organigramme nazi. Militaire déchu et déshonoré à la fin des années 1920, il a retrouvé du galon au sein du parti national socialiste et, avec l‘appui de son épouse, a gravi les échelons, jusqu‘à être nommé par Hitler pour prendre le commandement de la Bohème-Moravie. Celui qui ne tardera pas à être appelé «le Boucher de Prague» a joué un rôle indéniable dans la mise en place de la Solution finale. Ce parcours glaçant est narré sous la forme d‘une reconstitution somme toute classique, même si quelques effets maniéristes dans les mouvements de caméra injectent une sorte d‘antidote à l‘académisme trop propret. Lorsque survient l‘attentat, l‘image se fige et le scénario fait un bond en arrière dans le temps pour suivre, cette fois-ci, un groupe de résistants.

Cette deuxième partie suit notamment deux soldats, Jan Kubis et Jozef Gabcik, chargé d‘éliminer Heydrich. La préparation de leur mission, l‘opération Antrhropoid, est racontée avec un certain sens du suspense. Mais ce qui frappe le plus dans HHhH, est sans doute la manière dont est abordée la violence. Qu‘il s‘agisse de montrer les actions des Einsatzgruppen, les commandos de la mort, ou une fusillade entre les nazis et les résistants, le film se rapproche du cinéma de genre, avec une violence froide, où le sang éclabousse et tache, ou un gunfight qui ne dépareillerait pas dans un polar énervé. D‘autres scènes davantage tournées vers l‘émotion, avec de nombreux ralentis esthétisants, ponctuent ce HHhH, contribuant à le détourner d‘une forme plus classique à laquelle on aurait pu s‘attendre. Un parti-pris qui va à l‘encontre des questionnements de Laurent Binet sur, par exemple, la représentation d‘une vérité historique soumise aux exigences et libertés de la fiction. Une réflexion qui n‘a pas tracassé Cédric Jimenez, en témoigne le casting réunissant Britanniques, Australien et Français pour incarner des Allemands, des Tchèques, des Slovaques…

La fiche

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HHhH
Réalisé par Cédric Jimenez
Avec Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O’Connell…
France – Drame historique, thriller
Sortie : 7 juin 2017
Durée : 120
 min




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