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HANNA

Hanna, adolescente originaire d’Europe de l’Est est éduquée à la survie par son père au lourd passé dans les services secrets. Vivant en marge de la société, elle se rend compte peu à peu, dans sa folle course, qu’elle n’est pas seule à fuir le monde.

Critique du film

Principalement connu pour Reviens-moi (2007) et Orgueil et préjugés (2005), le réalisateur éclectique Joe Wright, ayant également dirigé l’épisode Nosedive de la série Black Mirror, où la popularité des gens sur les réseaux sociaux définit leur vie entière, semble apprécier le fait de mêler les genres, ou tout du moins d’essayer de basculer de l’un à l’autre. Entre le thriller et le film d’espionnage, Hanna s’aventure dans un style et un sujet tout à fait aptes à susciter notre attention bien que la finesse d’un film réussi réside également, et c’est ici que l’avis se corse, dans les procédés de mise en scène et d’écriture.

UN RYTHME ET UNE ESTHÉTIQUE INTRIGUANTS…

Baignant dans une atmosphère dérangeante où le réel ne le semble pas tout à fait, par l’esthétique atypique employée, et notamment l’emploi d’une image stroboscopique, le film plonge dans un environnement naturel et moderne aux apparences hostiles. Un personnage en fuite n’est pas nécessairement en danger, et le rôle interprété par Saoirse Ronan de « machine à tuer » tend à se rapprocher de l’anti-héros, aux côtés de qui l’histoire évolue. La peur ne lui est pas étrangère, mais c’est du point de vue de l’image que l’on peut sentir un léger malaise : traitement des couleurs, décors surréalistes par moments, visiblement inspirés par la science-fiction des années 80. Non, ça ne faisait pas partie des inspirations ? 

Hanna Cate Blanchett

Tissé sur fond d’une histoire de famille, le film profite d’un casting de très bonne qualité, porté par l’héroïne jouée par Saoirse Ronan, alors à peine âgée de dix-sept ans et dévoilant déjà une force de caractère et une énergie débordante à l’écran, face à une Cate Blanchett inquiétante. Elle mène la danse, la course à la reconnaissance face à un père fantôme, dans un univers qui pourrait traduire le passage de l’enfance à l’âge adulte.

… POUR UN SCENARIO EN POINTILLÉ

La récurrence de plans séquences maîtrisés ajoute à la tension initiale quelque chose de l’ordre de la violence, et d’une angoisse extrême, même si les séquences de combat se trouvent hautement avantagées par un montage dynamique plutôt que par une action véritablement crédible. La bande originale produite par les Chemical Brothers apporte beaucoup, et est par ailleurs citée à sa sortie au MTV Movie Award avant de remporter le prix de la Los Angeles Film Critics Association. Elle fait même partie intégrante du film et des scènes d’action répétées car sans elle, on note quelques erreurs et lenteurs scénaristiques, trahissant un manque global de dynamisme.

L’étrangeté d’Hanna pourrait simplement relever du parti pris, et apparaître ainsi comme une pépite indépendante de la filmographie de Joe Wright. Ce travail minutieux autour de la fable et du conte, par la présence symbolique du loup, et ce personnage féminin en quête de sens qui se jette dans sa gueule, naïve et forte à la fois, n’est pas sans soulever quelque réflexion. Cependant, l’univers et l’histoire sont deux choses, et pour un univers dense, une histoire d’autant plus dense était requise.

Hanna se révèle finalement être un « thriller initiatique » dans lequel évolue un avatar d’Alice au pays des Merveilles un peu trash et lancée en pilote automatique dans un monde instable aux apparences fantasques.


#LBDM10AnsLBDM 10 ans




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