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GWEN – LA TERRE DES OUBLIES

La fiche

Réalisé par William McGregor – Avec Eleanor Worthington-Cox, Maxine Peake, Richard Harrington – Drame, Thriller – Grande-Bretagne – 2019 – 1h28

Dans les régions reculées du Pays de Galles, en pleine Révolution industrielle, une jeune adolescente vit au milieu des montagnes avec sa petite sœur et sa mère castratrice. Son père a disparu, et les autres habitants du village semblent hostiles à la famille. Il y a d’abord ce cœur planté sur la porte, puis ces bêtes que l’on assassine…

La critique du film

Premier long-métrage du britannique William McGregor (qui avait déjà réalisé quelques épisodes de Misfits et de One of Us), La terre des oubliés (Gwen pour le titre original) raconte l’histoire d’une famille vivant dans une région reculée du Pays de Galles, en pleine révolution industrielle. Les deux filles vivent seules avec leur mère, et doivent entretenir la ferme familiale, en attendant le possible retour de leur père disparu. Les habitants de la ville, et notamment les dirigeants de la mine locale, semblent hostiles à la présence de la famille. Il y a d’abord ce coeur planté sur la porte de leur maison, puis leurs moutons tous éventrés…

Soulignons tout d’abord les deux belles prestations de Maxine Peake et d’Eleanor Worthington Cox, qui contribuent grandement à la réussite du film, ainsi que la photographie (Adam Etherington), rappelant parfois les peintures de Vermeer. S’inscrivant, dans la pure tradition du « folk horror », La terre des oubliés nous plonge en effet dans le quotidien de Gwen, oppressée par une mère intransigeante (parfois violente), ainsi que par un environnement, naturel et social, profondément hostile et violent.

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Rapidement, nous comprenons que cette famille est perdue, nous pouvant survivre qu’avec les cadavres des quelques ressources qui lui restait. Leur quotidien n’est alors que fatigue, culpabilité, violence, et surtout, névrose. Sans tomber dans le « catho porn », le film retranscrit très bien la violence psychologique découlant du poids de la faute (dont on ne connaît d’ailleurs pas la nature). Les yeux creusés par la fatigue, le corps amaigri par l’inquiétude, la mère de famille fait peur (elle est d’ailleurs le sujet d’un des meilleurs jumpscare du festival), tout en ne s’inscrivant pas dans une altérité fondamentale. Quelques bribes de douceurs sont en effet présentes dans le film. Tout est dit, selon moi, dans cette magnifique scène où Gwen se fait sécher les cheveux par sa mère : ses gestes se font doux et délicats, la jeune fille sourit dans une quiétude trop rare, et nous comprenons que derrière la dureté des traits, se cache un amour indéfectible. 

Paradoxalement pour un premier film, La terre des oubliés n’est pas assez long : piégé par une intrigue principale trop classique, il ne prend pas assez de temps pour approfondir ce qui semble le passionner le plus : la relation entre une mère et sa fille. Il n’en demeure pas moins que le film reste admirable et témoigne du talent d’un cinéaste sensible et subtile.



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Bande-annonce

Etrange festival 2019




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