featured_Grass-hong-sang-soo

GRASS

La fiche
Grass affiche

Réalisé par Hong Sang-soo – Avec Min-Hee Kim, Jin-yeong Jeong, Saebyuk Kim…
Corée du SudDrame – Sortie : 19 décembre 2018 – Durée : 66 min

Synopsis : Au bout d’une allée, un café que personne ne s’attendait à trouver. Les gens s’assoient et parlent de leur vie. Au fil du temps, les clients se côtoient et apprennent à se connaître. Une femme les observe et semble mettre par écrit leurs pensées. La nuit commence à tomber mais tous restent dans le café.


La critique du film

Un café, un noir et blanc délicat et un couple attablé. Dès l’introduction, le film pousse le spectateur à être témoin, presque voyeur d’une discussion un peu trop bruyante. Un homme et une femme, simples amis ou amants se retrouvent autour d’un verre. Les joies des retrouvailles laissent rapidement place aux accusations et aux pleurs : on ne sait rien, seulement que la mort de leur amie les bouleversent à des degrés différents. Le dispositif est tout simple : une caméra  se balance d’un visage à un autre et s’arrête parfois sur des plans fixes pour sublimer la parole. À travers un regard presque naturaliste, Hong Sang-Soo explore l’intimité de ces vies croisées, où l’intensité s’exprime dans les non-dits.

Véritable microcosme, le café devient entremetteur et lie chaque parcelle de vie à une autre. A sa table se succèdent les couples, tous rongés par le deuil : deuil d’une amie disparue, d’un amour, d’une vie d’écrivain ou encore d’une vie paisible. Tous cherchent le coupable de leur malheur, et dégringolent dans une sorte de guerre des sexes. Les hommes ne peuvent exister sans les femmes en s’accrochant désespérément à elles, tandis que celles-ci rêvent de voyage, d’avenir et de liberté.

Huis-clos jamais totalement fermé, le lieu prend vie dans ses hors-champs où se trouve Areum, spectatrice silencieuse et misanthrope qui retranscrit ce qui se joue à l’écran.  Ce n’est pas un hasard si tous les personnages travaillent dans le monde du spectacle : tous jouent d’abord la comédie avant de se faire rattraper par leurs émotions, aidés par le flot d’alcool, comme souvent chez le réalisateur de Le jour d’après. Les masques tombent et révèlent des visages tristes et en colère.

Grass traduit avant tout l’incapacité des relations humaines dans tout ce qu’elles ont de plus ambigu. Pourtant, comme un brin d’herbe ne peut exister seul, chaque personnage fait parti d’un tout qui le dépasse et existe à travers les autres. Le café témoigne du passage de l’humanité et de ses malheurs, mais aussi parfois, parvient à la réconcilier chaleureusement autour d’un verre.


La bande-annonce




%d blogueurs aiment cette page :