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GOODBYE

Mariés depuis trente ans, Grace et Edward coulent des jours paisibles dans leur cottage sur la côte anglaise. Elle, exubérante et volubile, administre la maison ; lui, discret et effacé, achève une carrière d’enseignant. Mais ce matin-là, cette vie bien réglée s’apprête à voler en éclat. A l’occasion de la visite de leur fils Jamie, Edward trouve le courage d’annoncer à sa femme sa décision : dans une heure, il quittera la maison pour une nouvelle vie. Sans elle.

Critique du film

29 ans de mariage. Les habitudes se sont installées et, avec elles, les silences, les ignorances, les forfaits et les incompréhensions. Edward l’annonce à son fils, Jamie, lors de l’un de ses rares passages éphémères chez ses parents : il va quitter Grace, sa mère. Sa décision est prise. Il l’a longtemps envisagée, repoussée. Puis, lorsqu’il s’est rapproché sans le préméditer d’une mère d’élève, il a ouvert les yeux sur cette évidence : Grace aime et a toujours aimé la projection mentale qu’elle a de lui davantage que celui qu’il est vraiment. Meurtri puis lassé par le sentiment de ne jamais pouvoir lui offrir ce qu’elle attendait, il s’est enfin décidé à lui dire au revoir.

Mais il faut tourner la page d’une histoire entamée dans un train, trente ans auparavant. Trente années d’une union entre ce professeur d’histoire et cette passionnée de poésie. Un foyer sur la côte anglaise, un fils qui a du mal à s’ouvrir émotionnel, des souvenirs par milliers, évoqués de vive voix ou immortalisés en pellicule. Lorsqu’Edward verbalise son choix, Grace peine à y croire et se prend de plein fouet ce changement de vie qu’elle n’attendait pas. Aucun retour en arrière n’est possible, elle devra désormais vivre la dernière partie de sa vie seule, ce qu’elle a toutes les peines du monde à accepter.

Les histoires d’amour finissent mal, en général, et le cinéma ne manque pas de l’évoquer régulièrement. Les itérations sont si nombreuses qu’il est parfois difficile d’aborder le sujet en trouvant le juste équilibre, entre quête de singularité et poids des lieux communs. Celles qui se terminent alors que le troisième segment de l’existence débute sont moins fréquemment mises en image, dans le registre dramatique en tout cas. En intégrant également l’enfant, adulte, au coeur de ce récit de séparation, Goodbye offre cette troisième perspective plus rare et pourtant essentielle.

Goodbye film

Vies d’après

Le mari refait sa vie, la femme divorcée tente de faire son deuil mais se laisse envahir par le désespoir, idées sombres à l’appui. Mais qu’en est-il de ce garçon, à l’aube de sa vie d’adulte, qui ne parvient pas à s’investir dans sa propre vie sentimentale, incapable de communiquer dans l’intime ? Celui-ci se retrouve désormais tiraillé entre ses deux parents à l’heure de leur séparation, après avoir subi le poids de leur incompatibilité durant de nombreuses années. Un père qui ne veut pas que son ex-épouse souffre, prend ses nouvelles mais impose une prise de recul nécessaire. Une mère qui tombe parfois dans le chantage affectif, imposant presque à son fils de prendre parti et se montrant injuste alors qu’il demeure désormais le seul homme dans sa vie.

Jamie fait le tampon, le messager en même temps que le témoin impuissant. Entre les deux comédiens confirmés que sont Annette Bening et Bill Nighy, c’est finalement la présence de Josh O’Connor (Seule la terre, The Crown, Only you) qui créé l’espace pour l’empathie au milieu de cette histoire de divorce. Peu étonnant finalement que le film de Nicholson soit si juste dans ce regard tierce lorsque l’on apprend que l’auteur s’est inspiré de son propre vécu, pour le retranscrire à l’écran, et s’interroger sur les plaies à panser et l’introspection nécessaire vers la lucidité et le bonheur.

Avec philosophie et un certain humour féroce, Goodbye raconte joliment ces chemins de deuil, celui des deux partenaires mais aussi, et surtout, celui de ce jeune adulte qui aura vu au fil des années le tandem parental se fissurer jusqu’à n’en récupérer que les copeaux. Derrière les déchirements et les adieux vient le temps de la résilience, puis celui de l’espoir et de l’apaisement.

Bande-annonce

16 novembre 2021 (Inédit Canal+) – De William Nicholson, avec Annette BeningBill NighyJosh O’Connor




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