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FIN AOÛT, DÉBUT SEPTEMBRE

Chronique de la vie de deux amis, Gabriel et Adrien, depuis la fin août jusqu’au début septembre de l’année suivante. Adrien, malade, se trouve confronté au terme précoce de son existence. Quant à Gabriel, il est déchiré par deux amours et devra progressivement se détacher de l’influence d’Adrien.

Quand vient la fin de l’été…

Sorti en 1999, Fin août, début septembre vient clore le cycle minimaliste et de liberté créatrice qu’Olivier Assayas avait initié avec L’Eau froide et poursuivi avec Irma Vep. Suivant une narration plus construite que les deux précédents films du réalisateur (moins onirique que L’Eau froide, moins délirant qu’Irma Vep), il semble donc en apparence plus classique et sera d’ailleurs celui des trois films qui trouvera le plus facilement son public en salles. Pour autant, Fin août, début septembre est bien dans sa création une œuvre particulière répondant à la définition même de l’art collectif qu’est le cinéma, et aborde le thème pourtant peu vendeur de la mort.

Dès les premières minutes, le grain du Super 16 et une lumières très réaliste impose son style visuel, assez radical, au film (style d’ailleurs admirablement rendu par la restauration numérique, supervisée par Olivier Assayas lui-même). Si le choix du Super 16 est au départ plutôt économique, il deviendra finalement partie prenante du rendu final de Fin août, début septembre, donnant au film une teinte à la fois très lumineuse, vivante, mais fragile, abîmée, à l’image des nombreux protagonistes du film.

Dans le Paris des années 90, des hommes et des femmes vivent d’incertitudes, se cherchent un chemin dans les aléas de l’avenir. Le décès de l’un d’entre eux, un écrivain, va créer un point de rupture. C’est la fin de certaines choses, le début d’autres. La façon dont la mort affecte les vivants, l’impact du deuil, le vide laissé et ce qui va le combler, telle est la substance mère de Fin août, début septembre, autour de laquelle se forgent des instants de la vie quotidienne et les questionnements qui vont avec. Un thème que le cinéaste reprendra d’ailleurs plus tard, avec un angle plus pragmatique, moins intellectualisé, dans L’Heure d’été. Les deux films partagent également leur regard sur l’art, abordent la façon dont celui-ci survit à son auteur, et comment il passe de l’intimité des proches au regard du grand publique.

Film de comédiens et très dialogué, Fin août, début septembre fait également beaucoup penser au dernier film d’Olivier Assayas, Doubles vies. Si leur style diffère, dans le sens où le premier est fait de plans séquences très fluides, là où le second opte pour un montage très découpé, les deux films partagent ce sentiment d’un travail collectif, où l’apport des comédiens fut primordial. La magnifique connivence entre Mathieu Amalric et Jeanne Balibar (alors en couple à la ville) et leur part non négligeable d’improvisation ; le jeu d’une générosité palpable de François Cluzet ; la présence, radieuse, de Virginie Ledoyen ; autant d’interprétations qui donnent à Fin août, début septembre un naturel assez sidérant. Olivier Assayas se souvient d’un tournage où la fiction et la réalité se rejoignaient, et l’on sent effectivement l’ambiance du tournage, la complicité entre tous les protagonistes, transparaître à l’écran et venir déteindre sur le spectateur qui se voit alors lui-même devenir un membre du groupe.

Cette heureuse réédition de Fin août, début septembre est l’occasion parfaite de vraiment redécouvrir le film, tant parce que le travail de restauration donne une nouvelle dimension à son style si particulier, que parce que, vingt ans après, il est intéressant de constater que, malgré une empreinte marquée du Paris des années 90, le propos reste d’une incroyable actualité. Le film devrait d’ailleurs également parler à la nouvelle génération, celle qui a découvert Olivier Assayas sur grand écran à travers Sils Maria ou Personal Shopper, et qui trouvera ici l’opportunité de s’ouvrir à un autre versant de la filmographie, passionnante, du cinéaste.


Le film d’Olivier Assayas a été restauré par Pathé Films et ressort dans une édition collector BR/DVD

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