burn out françois civil

BURN OUT

Efficace et immersif

Lorsque Tony s’apprête à lancer sa carrière de coureur Superbike, son ex-petite amie s’embourbe dans une affaire de trafic de drogue. Malgré lui, il va devoir jouer la mule et s’enfoncer dans les rouages du milieu criminel.

Chauffeur, cité champion.

C’est fou comme le cinéma possède ce pouvoir un peu magique de prendre aux tripes le spectateur sur des sujets qui l’ennuient profondément dans tout autre contexte. C’est ainsi qu’en à peine quelques minutes et une scène d’exposition frappante de maîtrise, Yann Gozlan réussit à rendre une course de moto Superbike, même pas si cruciale, en un moment de sueur, de crispation et de tension. Voilà que Burn Out, sans prendre de gants, parvient à enfoncer nos petites fesses dans notre petit siège. On ne les desserrera qu’une bonne centaine de minutes plus tard.

Tony (François Civil) est un jeune adulte qui gravite entre tous les mondes sans jamais en appartenir à aucun. Pas chômeur mais pas bosseur. Pas champion mais pas zéro. Pas aimé par son ex mais pas haï par son fils. Pas banlieusard mais pas parisien. Pas riche mais pas pauvre. Sa seule appartenance, c’est la moto, et les sensations grisantes qu’il s’en procure forment sa seule addiction. Alors qu’il est en passe d’entrer, enfin, dans le circuit professionnel, son ex Leyla (Manon Azem) trempe un doigt dans les sales affaires du trafic de drogue. Tony, pour la sauver, n’a d’autre choix que de s’immerger tout entier dans un milieu dangereux et de travailler pour deux dealers gitans, Migue (Olivier Rabourdin) et Jordan (Samuel Jouy).

Un job qui sent le rossi

En faisant les trois-huit entre go-fast, carrière sportive et vie personnelle traditionnelle, Tony se rend bien compte que le triangle se transforme bien vite en un diagramme de Venn impossible. François Civil, dans la lignée de ses performances remarquées dans Made In France ou Catacombes, termine d’entériner sa stature de valeur montante en interprétant tout en finesse un rôle bien plus casse-gueule qu’il en a l’air. Gozlan le place dans une banlieue jamais sur-socialisée (houra !), ballotté dans un engrenage criminel ni utopique, ni sale, ni bête, ni fantasmé. Si bien que le scénario, droit comme une parcelle de l’A1, file à toute allure, avec juste ce qu’il faut de temps mort et de berzingue pour ne jamais faire retomber l’urgence.

La plus grande qualité de Burn Out réside surtout dans ses phases à moto, dépeintes avec une virtuosité étonnante de la part de son réalisateur. Avec un énorme travail sur le montage, une maîtrise technique qui substitue les contraintes par une implication subjective troublante et une pincée de vertige pile comme il faut, l’image épouse un mixage sonore lui aussi aux petits oignons – c’en est presque comme si on sentait la route trembler au rythme des infra-basses. Gozlan réalise même un parallèle intéressant entre ses éprouvantes (dans le bon sens du terme) phases de course et l’épuisement progressif de son protagoniste. En cela, Burn Out est plus qu’un thriller efficace : c’est un film fait pour les salles obscures, dont il exploite les capacités d’immersion avec brio. Il serait fort dommage de laisser filer un tel bolide rutilant alors que le plein est fait et que les clefs sont déjà sur le capot.

La fiche
burn out affiche

BURN OUT
Réalisé par Yann Gozlan
Avec François Civil, Manon Azem, Olivier Rabourdin…
France – Thriller, action
Sortie : 3 janvier 2018
Durée : 103 min




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