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FANTOZZI

Fantozzi est un employé de bureau basique et stoïque. Il est en proie à un monde de difficultés qu’il ne surmonte jamais malgré tous ses efforts.

Les (nombreuses) histoires d’un comptable sans histoires

À la Megaditta (la « méga entreprise »), il est interdit de passer des appels personnels aux employés, sauf en cas de décès d’un parent au premier degré. Ainsi, lorsqu’elle demande à parler à son mari, qu’elle n’a pas vu depuis dix huit jours, Pina Fantozzi s’entend répondre : « êtes vous décédée, madame ? » Après quelques minutes de recherche dilettante, lorsque l’on voit finalement Ugo Fantozzi apparaître à l’écran, il émerge de derrière une cloison érigée… il y a 18 jours, justement. Il reçoit un coup de masse sur la tête juste après : le ton est donné. 

Si Fantozzi porte un trench qui pourrait être celui de Monsieur Hulot, sa gestuelle (de savonnette humaine) est proche de celle d’un Buster Keaton. On sent que Paolo Villaggio a donné de sa personne pour les gags visuels. Fantozzi-Villagio chute, glisse, roule, se cogne puis se noie dans la polenta (si)… Tout semble vrai. 

Au-delà de ces gags slapstick, le film se veut satire de la société italienne des années 1970. La bureaucratie dans l’entreprise, la hiérarchie, les moments de répit que s’organisent les employés, le planning de réveil draconien auquel se soumet le comptable chaque matin participent à la mise en place d’un univers où chacun subit sans rien remettre en cause. En peu de mots, le film est cruel et dit beaucoup. Ne serait-ce que par l’apparence extérieure de la Megaditta (une société de quoi, au fait ?), qui rappelle la démesure dystopique des bâtiments de Metropolis, Brazil et cie… Ou l’architecture monolithique du fascisme italien, c’est selon. 

Fantozzi

Fantozzi est une sorte de film à sketches, parfois plus concentré sur la volonté de faire un trait d’esprit que de travailler sur le liant du scénario ou sur son propos. La montée en grade dans la Megaditta semble par exemple se faire uniquement par la pratique du billard. Il s’agit alors de perdre contre son supérieur hiérarchique afin de susciter une forme de compassion (évidemment mêlée de dédain). Fantozzi se plie à l’exercice, puis, humilié, se rappelle qu’il excelle au billard et met son patron à l’amende. De même, si l’aristocratie en villégiature à Courmayeur est supposée être ridicule, c’est bien Fantozzi qui agit n’importe comment et se noie dans la polenta (puisqu’on vous le dit). Le match de foot dans la boue, l’une des séquences les plus réussies, est d’ailleurs bien dépourvue de fond. À moins que, l’acteur-scénariste n’ayant pu s’empêcher de placer une discrète mais habile pique anticléricale.

Le film semble toutefois reprendre ses esprits dans sa séquence finale, de retour à l’entreprise, avec un discours à la fois très marqué et une conclusion très absurde. Fantozzi rencontre son patron, le « méga-directeur galactique », lui expose ses revendications et semble être écouté. Il vérifie par ailleurs que l’aquarium à employés… N’est pas une légende.


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L’info en plus : succès gigantesque au box office italien, Fantozzi a donné lieu à neuf suites au cinéma.



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