EXTRAPOLATIONS
Série d’anthologie qui relate les impacts sociaux et moraux du changement climatique sur les hommes à travers 8 histoires.
Critique de la série
En 2011, lorsque Contagion sort sur nos écrans de cinéma, Steven Soderbergh et Scott Z. Burns nous livrent déjà toutes les informations nécessaires pour nous prévenir d’une éventuelle crise pandémique. Après un passage timide dans les salles, ce sera seulement neuf ans plus tard que le film bénéficiera d’un regard rétroactif. En effet, les similitudes partagées entre la crise du Coronavirus et les constatations de ce thriller scientifique ont été fortement relayées sur les réseaux sociaux et ont fait l’objet de nombreuses discussions. Ce parallèle est toutefois survenu bien trop tard, la pandémie ayant déjà sévi dans le monde entier. C’est pour cette raison que l’une des premières répliques d’Extrapolations, prononcée par une jeune figure activiste, s’avère lourde de sens. Quand on lui demande si elle a besoin de quelque chose, sa réponse implacable fait office de note d’intention : « That people to listen ».
Par le choix d’anticiper notre avenir, en situant chaque épisode à différentes années se succédant de 2037 à 2070, Extrapolations est une super-production sérielle qui expose d’emblée les conséquences du réchauffement climatique. Doté, comme le fut Contagion à l’époque, d’un casting prestigieux (Meryl Streep, Edward Norton, Kit Harington, Marion Cotillard qui jouait déjà dans Contagion, Forest Whitaker, Tahar Rahim…) ; Extrapolations agit comme une sorte d’anthologie connectée où chaque personnage aura son importance pour la suite des évènements. On y suit aussi bien des riches industriels souhaitant gagner toujours plus au détriment de planète, que des politiciens et des personnalités religieuses confrontées à de multiples dilemmes.
Évitant le piège d’une satire poussive à la Don’t Look Up, Extrapolations émeut et réussit, parfois, à nous sidérer par ses moyens dramatiques et ses images très fortes (sécheresses, fonte des glaces, pauvreté démultipliée…) mais également en construisant ses épisodes par des confrontations entre différents camps, sans manichéisme, qui provoquent des conversations passionnantes. Cette dimension humaine se prête bien au message de la série. Il ne s’agit pas uniquement de pointer du doigt les puissants dont les agissements ont des conséquences désastreuses dans le monde, mais aussi de signaler que chaque geste d’un individu peut compter.
Tout dépend de nous
Une dimension implacable pour passer son message, en soi. Mais la série ne se prive pas de multiples fantaisies, qui rendent le visionnage étonnant. Daveed Diggs, star de Hamilton et Blindspotting, nous gâte d’une reprise tragi-comique de Singin in the Rain par exemple. Dans ce cadre plus fantasque, la série explore les genres cinématographiques, lorgnant aussi bien vers la science-fiction à la Black Mirror (point faible de la série, tant ce qu’il raconte avec le stockage de notre mémoire dans la dernière partie renvoie un sentiment de déjà-vu) que vers le road-movie.
Une série qui frappe et désarçonne, avec comme volonté de rappeler ce qu’affirment souvent les personnages : « Tout dépend de nous ». Il ne s’agit donc plus de refaire la même erreur qu’à la sortie de Contagion, dorénavant, il s’agit d’être plus conscient des choses face aux dangers prédits et plausibles.