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ELISA ET MARCELA

La fiche

Réalisé par Isabel Coixet – Avec Greta Fernández, Natalia de Molina, Francesc Orella – Biopic, Drame – Espagne – 7 juin 2019 (Netflix) – 1h 53

En 1901, une Galicienne nommée Elisa Sanchez Loriga se fait passer pour un homme afin d’épouser celle qu’elle aime, Marcela Gracia Ibeas. Inspiré d’une histoire vraie.

La critique du film

Dans l’univers cruel du catalogue de Netflix, où les films et les séries sont tous ensevelis les uns sous les autres tels les fossiles de dinosaures au Jurassique, il n’est pas rare de rater des œuvres qui mériteraient pourtant d’être mise en avant. Car oui, il n’y a pas que des films du calibre de Bright, Io ou de The Cloverfield Paradox (brrrr), contrairement à ce que l’on pourrait penser ; il y a aussi des pépites, plus ou moins bonnes mais toujours intéressantes, qui méritent que l’on parle d’elles. C’est le cas d’Elisa et Marcela, film espagnol sorti en catimini par la plateforme américaine le 7 juin dernier (après avoir fait un tour dans la sélection officielle de la Berlinale plus tôt cette année) et réalisé par Isabel Coixet (Ma vie sans toi).

Il est ici question de suivre le parcours (réel) d’Elisa et de Marcela, deux femmes qui se rencontrent à la fin du 19e siècle dans une école religieuse en Espagne. Au fil du temps, elles n’auront de cesse de se suivre pour essayer de vivre ensemble, de se marier et de s’aimer dans une société qui les mettra au pilori pour cela. A l’instar de Gentleman Jack (HBO/BBC One) qui développe un concept similaire en série, Elisa et Marcela tente de dépeindre la dureté de la vie de ces femmes sans pour autant oublier de développer ses personnages et leur vie commune. L’équilibre entre ces éléments est plutôt réussi, notamment dans la partie située en Galice ; mais l’échafaudage reste fragile, la faute à des dialogues pas toujours très inspirés (la fin de la partie de l’école notamment) et à des ellipses temporelles assez surprenantes qui coupent l’élan des personnages, surtout à la fin du film.

Un récit touchant

Heureusement, le film réserve de belles séquences, dues aux performances réussies de Natalia de Molina (Elisa) et de Greta Fernandez (Marcela) et à leur alchimie mutuelle – clairement le point fort de l’ensemble. L’attachement à ces deux personnes est immédiat et bien entretenu par Coixet durant les deux heures du métrage, grâce à des plans serrés sur ses actrices qui permet de capter ici un regard, là une caresse ; cette proximité donne une réelle consistance à Elisa y Marcela. Et ce, malgré une forme quasi-minimaliste qui peut rebuter plus d’un téléspectateur, avec ce noir et blanc assez austère et dont les blancs sont parfois trop virulents.

Pour rester sur la mise en scène, si elle est très inspirée dans les détails et la captation des émotions des deux actrices, elle peine à mettre en valeur le monde qui les entoure, avec des plans oubliables et sans profondeur. Si l’usage du noir et blanc est justifié et donne de belles scènes, certains effets de style sont plus difficiles à supporter, comme l’utilisation du grain issus des vieux films d’archives (qui se superposent à de vraies images d’archives, comme lors de l’arrivée à Porto) ou encore ces fondus étranges où l’image se réduit à un petit rond ; assez agaçant, car n’apportant rien et obstruant trois-quart de l’image, cet effet n’est réellement utile qu’à une occasion, car jouant avec le passage d’une calèche dans un tunnel.

Elisa et Marcela n’est donc pas une réussite totale, loin de là ; mais il s’agit d’un portrait touchant d’un couple lesbien au début du XXe siècle. Inégal donc, mais loin d’être inintéressant, il peut être une parfaite occupation si vous avez deux heures à tuer et que vous en avez marre de voir toujours les mêmes films ou séries. Et cela vous changera des mauvais films mis en avant par Netflix. Promis.



La bande-annonce

Sur Netflix le 7 juin




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