featured_donjons-dragons-2023

DONJONS ET DRAGONS : L’HONNEUR DES VOLEURS

Un voleur beau gosse, une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes.

Critique du film

Rares sont les projets de films d’aventure dont l’ambition est tellement minime que le résultat ne surprend guère. Lorsque John Francis Daley et Jonathan Goldstein, deux réalisateurs-scénaristes rompus à l’exercice de la comédie américaine, décidèrent d’adapter sur grand écran le jeu de rôle Donjons & Dragons, quelques spectateurs s’inquiétaient de leur capacité à filmer des scènes de combat épiques. Était aussi palpable la peur de ne pas voir suffisamment représenté au cinéma les aspects « rôlistes » du jeu et les comportements paradoxaux que peuvent provoquer certains choix ou lancers de dés.

En réalité, si quelques références bien digérées (une partie du bestiaire et des attributs des classes de personnages sont bien présents) et un petit esprit gouailleur pourraient être appréciés par les fans de la première heure, l’exécution formelle, sommaire et expédiée, laisse un goût assez fade au visionnage. Incapables de transcender des séquences d’action autrement que par des plans-séquence programmatiques, les deux réalisateurs semblent avoir le plus grand mal à donner de l’épaisseur et de l’héroïsme à la quête insipide des protagonistes. Le film en devient convenu, un peu trop rapide sur ses dilemmes et ses enjeux, et qui a du mal à faire ressentir l’urgence de la situation durant sa durée pourtant de deux heures quinze.

Donjons et dragons

Par conséquent, Donjons et Dragons – L’honneur des voleurs souffre de la même problématique que son peu illustre aîné sorti en 2000 : ces deux moutures sont aujourd’hui écrasées du bout de l’orteil par l’énorme influence du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. De l’objet de quête jusqu’à l’organisation narrative du projet, rien n’est flatteur pour Daley et Goldstein face à la trilogie d’heroïc-fantasy gargantuesque qui s’imposa comme un monument de 2001 à 2003. En effet, D&D cherche lui aussi à répartir son humour selon les propriétés physiques et magiques de ses actants, et tente également de développer un montage alterné entre les héros en itinérance et des ennemis dans l’attente de leur coup le plus sournois et maléfique.

Mais l’humour parfois trop désacralisant à des moments-clés dilue immédiatement la tension au profit d’une entreprise narquoise et consciente de sa grande faiblesse. Tout parait déjà tellement usé, facile et ridicule – le combat final ne dure que cinq ou six petites minutes – que le projet a du mal à se hisser comme le divertissement indispensable de l’année que certaines affiches promotionnelles érigent en citation dans les grandes villes de France. Pour voir une adaptation de mécaniques de jeu grandeur nature à l’humour féroce, autant se précipiter à nouveau vers Game Night des mêmes cinéastes.

Bande-annonce

12 avril 2023 – De Jonathan Goldstein et John Francis Daley, avec Chris Pine, Michelle Rodriguez et Regé-Jean Page.




%d blogueurs aiment cette page :