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DEUX JOURS, UNE NUIT

Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.

Tout le monde a ses raisons

Présenté au Festival de Cannes 2014 à l’issue duquel il remporta un prix spécial décerné par le Jury Œcuménique, Deux jours, une nuit offrait à Marion Cotillard un rôle assez marquant, dans un film qui résonnait et qui résonne encore comme une œuvre très actuelle et intemporelle à la fois. Actuelle pour ses aspects économiques, sociaux et intemporelle car il est question de solidarité et de sacrifice ou au contraire de repli sur soi. Mais aussi de lutte. Et le repli sur soi, le refus de certains de renoncer à cette fameuse prime, n’est jamais vraiment jugé ni par le personnage de Sandra, ni par les réalisateurs. Car les collègues de Sandra ne sont pas des nantis qui s’arcboutent contre une salariée en détresse, mais des travailleurs modestes qui connaissent la précarité et qu’on cherche à monter les uns contre les autres. Et comme faisait dire Jean Renoir à un des personnages de La Règle du jeu : « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons ».

Comme souvent chez les Dardenne, Deux jours, une nuit est marqué par le naturalisme, le refus de l’artifice ou de l’ajout. Pas de musique extradiégétique, juste quelques chansons qui passent à la radio, dont Gloria du groupe Them et La Nuit n’en finit plus de Petula Clark. Pas de bande originale qui risquerait d’influencer les sentiments des spectateurs. L’émotion naît naturellement de cette simplicité, de ce matériau brut, et la très glamour Marion Cotillard n’apparaît pas maquillée, ni apprêtée pour ce rôle. Cela peut paraître une évidence, mais c’est aussi la marque d’un souci d’authenticité chez Jean-Pierre et Luc Dardenne comme de la part de leur interprète qui, à l’instar d’une Romy Schneider ou d’une Meryl Streep, est capable de faire passer le propos du film avant son image, et de renoncer à paraître sous son meilleur jour au profit de la qualité globale de l’œuvre.

A la fin, pas d’angélisme, ni de happy end. Le film se termine mal – ou se termine bien selon le point de vue d’où on se place. Le principal n’étant peut-être pas tant de gagner quelque chose de matériel ou un statut social dont la fragilité aura de toute façon été démontrée de façon assez évidente, que d’acquérir ou de retrouver des valeurs. La pugnacité, la solidarité et l’espoir, la dignité et l’estime de soi. 

Très beau film sur l’espoir malgré l’adversité, Deux jours, une nuit questionne et émeut le spectateur avec beaucoup d’acuité et de sensibilité. Un des films marquants de 2014.



#LBDM10ANS




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