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DE SON VIVANT

Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin (le docteur SARA dans son propre rôle) et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons, pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : mourir de son vivant.

 Critique du film 

De son vivant doit beaucoup à la présence de Gabriel Sara, dans le rôle du Docteur Eddé. Oncologue d’origine libanaise exerçant à New York, il a inspiré à Emmanuelle Bercot cette idée de film après une rencontre-débat autour d’une de ses précédentes réalisations, La Tête haute. Très vite est venu le souhait de travailler avec ce médecin empathique aux méthodes originales, aussi bienveillant avec son équipe thérapeutique qu’avec les malades qu’il accompagne. Cette humanité qui transparaît de sa personne et qui tente d’adoucir le sort des patients qu’il ne peut sauver, cherchant surtout à amoindrir leurs souffrances, est toujours accompagnée d’une exigence d’honnêteté qui emplit le film d’une forme de sérénité et de sagesse. Ces dernières contribuent sûrement à rendre ce film, très beau et très triste, plus facilement accessible et que son intensité aurait pu le rendre encore plus éprouvant.

L’histoire de Benjamin est celle d’un homme à qui on annonce qu’il a normalement tout au plus un an à vivre. Aucun espoir de guérison. Juste la possibilité peut-être d’avoir encore des moments de bien être, ou d’instants où la souffrance laisse place à de fugitifs éclairs de vie. Encore faut-il accepter cette réalité et se réconcilier avec soi-même et les autres.

En solitaire

Le film d’Emmanuelle Bercot se déploie également lors de très belles scènes de répétitions et d’exercices théâtraux durant lesquels Benjamin, professeur d’art dramatique joué par Benoît Magimel, exprime peut-être aussi ses angoisses et ses souffrances. À travers ce qu’il fait travailler à ses élèves, Benjamin tente de les éveiller, mais aussi de mieux cerner ce qu’il doit intégrer dans son cheminement personnel. Du refus de la réalité, qui passe par des postures parfois infantiles à l’acceptation de ce qui est, le personnage de Benjamin passe par des étapes où il lui faudra bien se confronter à sa propre fragilité et à son passé.

De son vivant

 Ce cheminement se fait en solitaire, car c’est un périple intérieur, mais le patient n’est pas seul à devoir apprendre à faire taire sa révolte contre l’indicible et l’inacceptable. Sa mère, Crystal, jouée par une Catherine Deneuve qui trouve là un des ses rôles les plus marquants de ces dernières années, doit intégrer qu’un événement aussi traumatisant que de perdre son enfant va avoir lieu et qu’elle ne pourra rien y changer. Son personnage nous émeut souvent, parfois nous irrite.

Pour ce type de sujet, tout l’équilibre tient bien sûr à l’écriture et à la réalisation, mais rien ne pourrait tenir sans des interprètes d’exception. Autour de Catherine Deneuve et de Benoît Magimel, tous les deux remarquables, il y a bien sûr Cécile De France, dont on a un peu peur au départ que son rôle soit sacrifié, le docteur Sara, mais aussi Lou Lampros, qu’on avait vue en jeune droguée dans Médecin de nuit. Ici, en jeune élève comédienne, préparant le Conservatoire, elle offre une composition toute en sensibilité et en vulnérabilité. Oscar Morgan, dans un rôle plus intériorisé, livre également une belle partition. 

Même si on est en droit de lui trouver des maladresses ou des excès, De son vivant nous entraîne avec énormément de sensibilité et d’humanité dans un voyage vers l’acceptation de l’inéluctable, lorsqu’on se sait condamné à très court terme, et l’apaisement avec ses manquements et ses échecs. Une bouleversante réflexion sur la fin de vie et l’ultime enseignement qu’elle apporte parfois.

Bande-annonce

24 novembre 2021D’Emmanuelle Bercot, avec Catherine DeneuveBenoît MagimelGabriel Sara




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