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DANGER, PLANÈTE INCONNUE

Une sonde découvre une planète inconnue cachée derrière le Soleil et diamétralement opposée à la Terre. Deux astronautes sont choisis pour explorer ce nouveau territoire, mais la mission ne se passe pas comme prévu…

L’équipe du film nommé Danger, Planète inconnue, ou Doppelganger, un des titres originaux sans doute trop explicite sur le mystère entourant cette histoire, est un assemblage des plus fascinants. Son réalisateur, Robert Parrish, est une ancienne star d’Hollywood, cela dans plusieurs corps de métiers différents. Il fut tour à tour acteur chez John Ford dans sa jeunesse, puis monteur vedette des plus grands dans les années 1940, pour passer à la réalisation pour les studios américains. Passé de mode et déchu de son statut de star, il se retrouve aux commandes de films tel que cette histoire qui n’aurait pas dépareillée dans un épisode de la 4ème dimension (Twilight zone). Producteurs et co-scénaristes, Gerry et Sylvia Anderson sont eux célèbres pour leurs créations télévisuelles, avec les séries UFO  et Cosmos 1999 avec Martin Landau, ou encore avec les fameuses poupées de l’espace, les Thunderbirds. Enfin, on retrouve dans le premier rôle le fameux Roy Thinnes, le David Vincent des Envahisseurs, la série culte des années 1960.

De quoi est-il question dans ce Danger, planète inconnue ? De conquête spatiale avant tout. Un équivalent européen de la NASA découvre une étrange planète inconnue qui pourrait bien abriter la vie de l’autre coté du Soleil. Toute la première moitié du film est concentrée sur les aspects géo-politiques entourant cette découverte, et sur la course pour la préparation d’une expédition vers l’astre nouveau. On ressent bien ici le poids de l’Histoire : en effet, c’est en cette même année 1969 qu’Apollo IX est lancée direction la Lune, avec à son bord Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Cela ponctue trois décennies de lancements et de tentatives pour être les premiers à atteindre cet objectif. Le film de Robert Parrish reprend cet enjeu, avec des aspects qui l’assimile au début à un film d’espionnage et littéralement à une course contre la montre. Cette première partie est très réussie, bâtissant une angoisse et une tension propre au genre, avec une excellente caractérisation fournie par un casting riche. Les préparatifs de la mission mettent en valeur la direction artistique soignée et visionnaire à sa manière.

Ce parfum de SF d’antan

C’est avec le décollage des deux astronautes que l’histoire prend une toute autre forme. Elle devient un conte fantastique qui lorgne de plus en plus du coté des pulps américains des années 1950. Si le spectateur de 2019 est rodé à ce type d’intrigue, et n’aura aucun mal à voir venir le dénouement, cela ne gâche en rien le plaisir de la progression narrative du film. Le plaisir de voir découvrir la vérité sur la nature du voyage des deux protagonistes est énorme, la mise en scène arrivant à contourner bien des obstacles, rendant crédible les cotés les plus loufoques du dernier tiers. Selon les mots de Jean-Pierre Dionnet, qui a eu la bonne idée de programmer ce film de science-fiction rare tant en salle qu’en vidéo, « on est chez les fous » dans ce dernier tiers de l’histoire. Pourtant, tout est infiniment logique ici, à tel point que le ton tragique de la conclusion sonne comme un verdict implacable et définitif.

Danger, planète inconnue a ce parfum des vieux films fantastiques, qui, s’ils privilégient la réflexion et presque une analyse philosophique du genre, n’oublie pas de divertir et de le faire avec classe. Rien n’est sacrifié, ni les costumes, ni les effets spéciaux, et, dans la mesure du possible, il est surprenant de voir qu’avec les moyens de l’époque, la beauté du film reste presque intacte. Tous les ingrédients cités en introduction, un réalisateur talentueux et polyvalent, des scénaristes producteurs aguerris et amoureux de la science-fiction, et une icône tel que Roy Thinnes en premier rôle, donne une petite pépite délicieuse à (re) découvrir.


Danger, planète inconnue a été projeté à L’étrange festival dans le cadre des choix de Jean-Pierre Dionnet



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