Curveball

CURVEBALL

Arndt, expert en armes biologiques, cherche des preuves contre Saddam Hussein quand Curveball, réfugié irakien, prétend avoir des informations exclusives. C’est toute l’histoire de l’absurdité qui mène à la déclaration de guerre contre l’Etat irakien au prix de la vérité et des populations civiles.

Critique du film

Johannes Naber est un cinéaste allemand qui a commencé sa carrière de réalisateur par le biais du documentaire en 1999 avec le film Popstar. Il est intéressant de noter ce fait avant d’appréhender Curveball, son nouveau long-métrage. Le film est inspiré par la triste histoire qui amène ce que l’on appelle la deuxième Guerre d’Irak au début des années 2000, menée tambour battant par les Etats-Unis d’Amérique. Si nous sommes ici fasse à une fiction, celle-ci est parsemée d’images d’archives de cette période, et se nourrit du réel.

Le centre du récit est constitué par un savant allemand, spécialiste des armes bio-chimiques, revenu d’un séjour de trois ans en Irak pour le compte des Nations-Unies. Sebastian Blomberg joue ce Dr. Wolf, qui bien involontairement, va créer l’excuse parfaite pour organiser un nouveau conflit contre l’Irak de Saddam Hussein. Spécialiste de ce pays, il a participé à la collecte d’informations sur place pour déterminer si le pays était toujours une menace, et s’il produisait des armes de destruction massive comme le fameux anthrax. Il nous est présenté comme un homme habité par une obsession : celle de confirmer ses théories bâties sur place, d’y retourner triomphalement, et ainsi de satisfaire un grand besoin de reconnaissance.

Le vice originel est bien celui-ci : un homme au parcours chaotique, on apprend qu’il est veuf, père absent, et son grand projet irakien lui échappe. Dès que la possibilité de le remettre en selle apparaît, Wolf perd toute lucidité et devient une cible parfaite pour le fameux ingénieur irakien recueilli par les services secrets allemands. Cet aveuglement initial précède et explique celui qui suivra avec la reprise en main de toute l’affaire par la CIA et son gouvernement. Plus rien ne compte désormais et les choses sont claires : la vérité est une variable d’ajustement. A partir de là le film bascule et Wolf devient presque un personnage comique, dindon de la farce de tous les acteurs du récit.

C’est cet aspect qui ne fonctionne pas toujours, même si l’option de recourir à l’humour et des aspects absurdes se comprennent aisément. Si Wolf était jusque là un homme au profil cabossé, il n’est plus que ridicule, courant dans la neige en robe de chambre ou faisant de la luge avec son ami irakien pour semer les espions américains. Son histoire d’amour avec sa collègue américaine elle aussi devient sordide et passe au second plan, rien n’est épargné pour le docteur Wolf qu’on tourne en bourrique sans retenue. Le cynisme qui se dégage a une dimension pamphlétaire : l’Allemagne a une information capitale mais préfère ne rien dire pour sauver les apparences et ne pas se ridiculiser aux yeux de la communauté internationale.

Le ridicule et le burlesque qui déteint de certaines scènes permettent d’accentuer le dégout qu’on peut ressentir à la vue des images d’archives finales représentant Colin Powell, secrétaire d’Etat américain, expliquant pourquoi son pays déclare la guerre à l’Irak. Cela démontre comment on peut fabriquer de toute pièce un document historique, l’utiliser à des fins politiques, et peu importe si cela ne tient pas. Comme le martèle Leslie, ex-amante du docteur Wolf, l’essentiel est la Justice, les faits nous en sommes les créateurs. S’il ne fonctionne pas toujours, Curveball demeure un film pertinent et pédagogique sur un moment de l’histoire récente qui a durablement bouleversé l’histoire d’un pays du Proche-Orient. Les histoires d’égo décrites furent les moteurs de crimes dont les répercussions ne sont pas prêtes de se dissiper.

Bande-annonce

Un film de Johannes Naber, avec Sebastian Blomberg, Franziska Brandmeier et Marcus Calvin.




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