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CRY WOLF

Holly, 14 ans, dénonce dans une dissertation les violences domestiques qu’elle subit de la part de son beau-père. Lars, un travailleur social, décide de la placer avec son frère dans un foyer. Mais les parents nient en bloc toutes les accusations… L’assistant social n’a que quelques semaines pour découvrir qui dit la vérité.

Critique de la série

Derrière Cry Wolf, il y a la talentueuse scénariste danoise Maja Jul Larsen, dont c’est la première série en tant que showrunneuse, après avoir notamment participé à l’écriture d’épisodes pour la géniale série Borgen, avec Sidse Babett Knudsen et Pilou Asbaek. Pour cette fiction produite par la chaîne DR et acquise par ARTE en France, qui la diffuse en prime time et la propose gratuitement sur sa plateforme pour quelques semaines, elle plonge le spectateur en immersion au coeur d’une famille au bord de l’implosion.

Holly, une adolescente de 14 ans, a rendu une rédaction dans laquelle elle raconte la violence d’un homme, qui semble être son beau-père. Alertant les services sociaux, son professeur s’inquiète qu’elle ne confesse en réalité son propre sort, à la maison. Convaincu qu’elle est victime de maltraitance après son entrevue avec la collégienne, Lars réclame qu’Holly et son jeune frère Theo soient placés en foyer d’accueil. De leurs côtés, les parents nient en bloc ses déclarations, qu’ils ne tardent pas à assimiler à un acte de rébellion envers eux, voire à de jalousie envers son beau-père. Bien que déterminé à révéler la vérité, le travailleur social ne parvient pas à obtenir de confessions plus précises, l’adolescente restant évasive et semblant garder en elle de terribles secrets. Pourtant, il s’efforce de recueillir d’autres preuves pouvant consolider l’appel à l’aide d’Holly afin d’éviter que la situation ne dégénère et n’aboutisse sur une issue tragique.

Comme Lars, le spectateur est déstabilisé. Où se trouve la vérité ? Doit-il soutenir coûte que coûte la version de l’enfant et laisser la famille se déchirer, ou doit-il se poser la question que beaucoup soulèvent : Holly a-t-elle menti ? Et si oui, pourquoi ? Remarquablement écrite et construite, Cry Wolf joue finement sur l’ambiguïté autour de ce soupçon d’abus et tient en haleine durant ses huit épisodes autour des questions que chacun se pose. L’assistant social n’aurait-il pas réagi trop vite ou a-t-il eu raison de se fier à son intuition ? Holly est-elle une affabulatrice qui souffrirait de ne pas avoir suffisamment d’attention ?

Cry wolf

Soutenant le suspens comme un polar d’enquête dont le spectateur serait aux premières loges, Cry wolf est une immersion captivante (et parfois éprouvante) dans cette affaire de violences familiales présumées, où le doute crée et maintient la tension jusqu’à son épilogue. Explorant la vocation et la délicate mission des services de protection de l’enfance, la série prend le temps d’étoffer chaque point de vue et d’illustrer les nombreux chaînons de la procédure de placement en famille d’accueil. De l’audition des enfants à celle des parents, en passant par les entrevues avec différents intervenants (psychologues, avocats, juge des affaires familiales), le show met en lumière toute la complexité inhérente à de telles affaires où le recueil de preuves est particulièrement délicat.

La grande réussite de la série tient à l’intelligence de son écriture et à la subtilité émotionnelle, qui nous épargne la carte du sensationnel pour scruter les failles de chaque personnage. Forte d’une distribution admirable (dont on retiendra notamment les interprétations brillantes de Bjarne Henriksen, Flora Ofelia Hofmann Lindahl et Christine Albeck Børge), où chaque comédien.ne semble avoir parfaitement casté.e, Cry wolf capte miraculeusement tous ces détails et ces non-dits qui suggèrent les immenses chamboulements intérieurs de ses différents protagonistes.

Bande-annonce

Disponible sur ARTE




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