ChereLouise2_© TF1 Studio

CHÈRE LOUISE

Louise, la quarantaine, divorcée et sans enfant, vit seule à Annecy depuis la mort de sa mère. Elle rencontre Luigi un immigré italien de 20 ans venu faire fortune en France et lui offre l’hospitalité. Elle décide de l’entretenir et lui trouve un emploi. Peu à peu, elle s’attache à lui mais leur relation va être bouleversée par la différence d’âge, le poids des dettes de Louise et le regard des autres.

Critique du film

Réalisé en 1971, présenté en compétition au Festival de Cannes en 1972, Chère Louise, s’insère dans la filmographie de Philippe de Broca entre La Poudre d’escampette et Le Magnifique avec Belmondo. S’il comporte des éléments humoristiques et des thèmes familiers de ce réalisateur, ce film s’avère être un peu à part dans sa filmographie, la mélancolie et la désillusion l’emportant sur la drôlerie. 

Très fraichement accueilli par la critique, le film donna l’impression à Philippe de Broca de « subir un massacre ». Le revoir aujourd’hui laisse le sentiment d’une grande injustice. Au-delà de la prise de risque que représentait cette sortie du sentier tout tracé de la pure comédie qui lui avait déjà permis de rencontrer de grands succès, tant critiques que publics, force est de constater que cette œuvre délicate et sensible faisait preuve d’originalité et d’une grande tendresse pour ses personnages.

Dans Chère Louise, il est question d’une histoire d’amour et de cette très belle conception de l’amour. Louise donne tout ce qu’elle peut : matériellement, mais aussi de l’attention, de la patience, le souci d’instruire et d’éduquer le jeune Luigi. Et, par dessus tout, cet amour, d’une grande générosité et d’une grande pureté, s’enrichit d’une lucidité et d’un désintéressement qui ne font que le sublimer. Louise sait pertinemment que leur amour ne durera pas, du fait de différences flagrantes et rédhibitoires. Louise sait ce qu’elle veut contrairement à Luigi, frivole et volage et dont le plus grand défaut se trouve sûrement dans cette méconnaissance qu’il a de lui-même. 

Louise a fait le deuil de son passé – on la voit brûles les vêtements de sa mère décédée et ses propres photos de mariage au début du film – et ne se fait aucune illusion sur l’avenir. Elle est donc profondément ancrée dans l’instant présent. Ce qui ne l’affranchit nullement d’un grand sens des valeurs et d’un respect de l’autre. 

Réédité par Les Acacias, bénéficiant d’une très belle restauration 4K qui rend justice à la magnifique photographie de Ricardo Aronovitch, Chère Louise ressort le 16 mars dans les salles. Il s’agit d’un film doux amer, porté par Jeanne Moreau et Julian Negulesco, ainsi que les seconds rôles, tous très justes, et une belle composition mélancolique de Georges Delerue.  

Bande-annonce

16 mars 2022 (ressortie) – De Philippe de Broca, avec Jeanne Moreau




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