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CHAPLIN

Evocation de la vie et de l’aventure artistique de Charlot. Aventure qui débuta à l’âge de cinq ans, le jour où il remplaça, au pied levé, sa mère, artiste de music-hall atteinte d’une brusque crise de trac. Elle se termina le jour de Noël 1977, à Vevey en Suisse où il mourut à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Critique du film

C’est après avoir vu La Ruée vers l’or à l’âge de 12 ans, en 1935 – dix ans après la réalisation du film de Chaplin – que Richard Attenborough  a décidé de devenir acteur. Il commença très jeune à jouer au théâtre, puis au cinéma. Il se lança dans la réalisation de longs métrages en 1969, vingt-sept ans après ses débuts d’acteur. Sa filmographie en tant que réalisateur est assez éclectique : comédie musicale – Ah Dieu que la guerre est jolie ! – , film de guerre – Un pont trop loin – , thriller horrifique – Magic – et à plusieurs reprises des œuvres qu’on qualifie à notre époque de biopic : Les Griffes du lion, qui évoque la jeunesse de Winston Churchill, Gandhi qui rafla plusieurs Oscar en 1983 et Chaplin, réalisé en 1992. 

Quand on sait que pour réaliser Gandhi, Richard Attenborough accepta des rôles médiocres pendant plusieurs années et refusa de se verser un salaire, on imagine que la vie de celui qui provoqua un de ses premiers chocs cinématographiques et décida de sa carrière artistique ne pouvait que lui inspirer des envies de réalisation, qui l’ont peut-être tenaillé au corps pendant des années.

Réalisé juste après Cry freedom, évocation de l’Apartheid, Chaplin a pour origine l’autobiographie du grand réalisateur, rédigées entre 1957 et 1964. Ouvrage qui provoqua quelques critiques concernant des ellipses sur la carrière de Chaplin. Avec le film qu’en a tiré Richard Attenborough, il ne faut donc pas s’attendre à une biographie totalement exhaustive, mais plutôt à une œuvre assez personnelle, empreinte d’un certain charme et aussi de moments de poésie, ce qui n’exclut pas  de pointer les zones d’ombres du personnage et la noirceur de certaines situations. Et le film bénéficie de plusieurs atouts.

Autour de Robert Downey Jr., dont la prestation très physique est remarquable, on trouve Kevin Kline, décontracté et étincelant en Douglas Fairbanks, une des plus grandes stars du muet dont Chaplin était le meilleur ami, Géraldine Chaplin, émouvante dans le rôle de celle qui était sa grand-mère, femme à la vie cabossée, Dan Aykroyd en Mack Sennett et beaucoup d’autres : Diane Lane, Milla Jovovich et Anthony Hopkins, pour ne citer qu’eux. 

Ascencion fulgurante

La reconstitution de l’âge d’or d’Hollywood constitue également un des attraits non négligeables de Chaplin.  On assiste aux débuts difficiles de l’artiste au cinéma  – il venait du music hall -, à sa progression fulgurante, à l’avènement du parlant, à la montée du nazisme, au maccarthysme. Tout cela évoqué par petites touches. Formellement, le film doit également beaucoup à la photographie de Sven Nykvist, chef opérateur attitré d’Ingmar Bergman et à la musique de John Barry, qui renvoie aux grandes heures d’Hollywood. 

Chaplin biopic

Parmi les très belles scènes que comporte ce long-métrage, on notera celle où le jeune Chaplin doit prouver à Mack Sennett qui il est, en improvisant un numéro, celle où il défie un nazi en affirmant regretter de ne pas être juif ou encore celle où il doit recevoir un Oscar d’honneur pour sa carrière et qu’il revoit des extraits de ses films. Peut-être la plus belle scène du film. On appréciera également tous ese clins d’œil à des moments où l’inspiration lui vient : une démarche qu’il « vole » à un passant et qui sera celle de son personnage de vagabond, une danse des petits pains entamée à la table d’Edgar J. Hoover ou une aveugle croisée dans sa jeunesse qui pourrait bien ressembler à celle des Lumières de la ville. 

Il s’agit également d’un film sur l’adversité, le struggle for life, la pugnacité et l’inventivité d’un homme qui aurait pu voir sa vie tourner à la déroute à plusieurs reprises : une enfance misérable à Londres, digne de certaines pages de Charles Dickens, l’avènement du parlant qui aurait pu marquer le glas de son cinéma, les problèmes juridiques liés à son engagement politique ou à ses différentes liaisons. De Fred Karno, impitoyable impresario de music hall anglais qui lança Chaplin et Stan Laurel à certaines partenaires féminines qui tentèrent de lui mener la vie dure, en passant par ses détracteurs qui voyaient en lui un communiste ou un obsédé libidineux, le monde décrit par le film semble receler de nombreux pièges et Chaplin n’a jamais l’air aussi heureux que lorsqu’il joue. 

Malgré la difficulté de résumer en 2 heures et 24 minutes une vie et une filmographies aussi riches et complexes, Chaplin reste une très belle évocation d‘un artiste légendaire, novateur et exigeant. Réalisé avec un budget important, le film ne sacrifie pas au spectaculaire mais reste une fresque intimiste au charme certain mêlant nostalgie et poésie. 


Disponible le 5 mars dans une édition proposée par Studio Canal en exclusivité FNAC


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