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CAPTAIN MARVEL

La fiche

Réalisé par Anna Boden, Ryan Fleck Avec Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Ben Mendelsohn, Annette Bening…
Etats-Unis – Action, fantastique– Sortie : 6 mars 2019 – Durée : 124 mn

Synopsis : Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se révèle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.

La critique du film

Après le Wonder Woman de DC Comics il y a deux ans, c’est au tour de Marvel de porter (enfin) à l’écran les aventures de sa super-héroïne, Captain Marvel. Une origin story attendue mais déjà vectrice de polémique avant même sa sortie. Lors de la promotion du film, Brie Larson évoque la nécessité d’une presse plus inclusive. Des propos qui ne manqueront pas d’être détournés par les nombreux trolls vexés, considérant eux-mêmes les mots « mâles blancs » comme une insulte. Loin d’être une simple digression, on sait malheureusement trop bien que la présence d’une héroïne dans le Marvel Cinematic Universe allait fait parler d’elle et attirer son lot de commentaires sexistes (comme cela avait déjà été le cas pour Wonder Woman). Ainsi, le film traîne déjà une mauvaise réputation avant même que quiconque puisse le voir, par principe.

La manière (de représenter) importe

Il est toujours un peu difficile de faire la critique d’un film Marvel. D’une part, parce qu’il faut être honnête et admettre que les structures de ces films sont toujours assez similaires. D’autre part, parce qu’on peut difficilement critiquer la «sauce Marvel», qui de par son succès enlève tout espoir de renouvellement. Par honnêteté intellectuelle, et parce qu’on ne peut pas être juste avec ce que l’on ne maîtrise pas, il s’agira surtout dans ces lignes d’analyser le film sous un angle féministe, en portant un regard plus attentif sur la représentation de la super-héroïne. Car qu’on veuille l’entendre ou non : la manière de représenter importe.

Captain Marvel dans son ensemble n’est pas un mauvais film. Il fait le choix délibéré d’opter pour une atmosphère un peu kitch, que ce soit dans le design de ses personnages ou dans ses décors un peu old-school. Outre l’ambiance 90’s très à la mode en ce moment, le film fait le pari risqué de rendre son incursion sur Terre moins « réaliste » (entre guillemets, car ce n’est pas l’intention de ce genre de film). Et le procédé fonctionne plutôt bien, parce qu’il accompagne le décalage créé par le caractère extraordinaire de Carol Danvers avec le reste de l’humanité. Il y a même quelque chose de plutôt sympathique dans cet univers un peu rétro, qui n’est pas sans rappeler celui des comics.

Wonder Woman ?

Si le film offre un divertissement passable, il n’en demeure pas moins frustrant dans sa manière de traiter la super-héroïne. Et c’est là tout son problème : le film est incapable d’iconiser son personnage, alors même qu’il ne cesse d’en vanter la puissance. Brie Larson peine à donner du charisme à son personnage, et tombe trop souvent dans des mimiques embarrassantes. L’atmosphère générale contribue à décrédibiliser chacune des apparitions de Captain Marvel à l’écran en lui apportant un côté involontairement ridicule. La faute peut-être à un humour omniprésent, qui vient annihiler toute ambition.

Brie Larson dans Captain Marvel
On n’est certes pas chez DC Comics, mais il faut quand même reconnaître que le film oublie de caractériser son héroïne au profit de blagues lourdes sur les chats et – années 90 obligent – la lenteur des ordinateurs. On s’en amuse une fois, mais l’on se demande aussi très vite si le film ne se cache pas derrière son humour et ses personnages secondaires pour pallier au manque d’inventivité (même si l’on pense connaître déjà la réponse).

Samuel L Jackson incarne Nick Fury et son sympathique duo avec Brie Larson fonctionne plutôt bien. Le film patauge néanmoins dans l’humour et oublie d’apporter de vraies ambitions à son personnage principal. Il plonge son héroïne dans une quête de soi et de son identité, révélée au grand jour après une très vilaine pirouette scénaristique. Le film ne parvient pas à dresser des enjeux forts, qu’il amoindrit systématiquement à force de tourner sa menace en dérision. Et c’est très embarrassant pour un personnage aussi puissant que Captain Marvel…

Féministe ?

Il manque à ce Captain Marvel une dimension spectaculaire qui élèverait son héroïne au rang d’icône. De vrais morceaux de bravoure, plus sérieux cette fois, à la hauteur de la puissance de celle-ci. On pourra lui reconnaître cependant de ne pas tomber dans un féminisme opportuniste et de ne pas caractériser sa protagoniste en fonction de son genre. En effet, le film effleure la question du sexisme à travers des flashbacks maladroits, mais n’en fait heureusement pas l’élément principal de son histoire.

Carol Danvers est une femme courageuse, qui a su se réapproprier son passé pour aller de l’avant : elle a su se relever des critiques sexistes pour devenir une héroïne puissante. Un bref élément qui semble pourtant important d’être souligné : Carol Danvers est traitée à l’égale de ses collègues masculins. Elle possède l’étoffe d’une héroïne, et son caractère exceptionnel ne dépend pas de son genre. Et il est agréable de voir, dans une production aussi importante qu’un film Marvel, une héroïne ni sexualisée, ni victime et ni opportuniste, capable d’inspirer par ses actes et son courage. Et c’est peut-être en cela que le film est féministe.

Si ce Captain Marvel n’est finalement qu’un prétexte pour introduire le prochain Avengers : Endgame, il faudra tout de même attendre les prochains épisodes pour prendre le recul nécessaire sur l’évolution de ce nouveau personnage dans le MCU. Force est pourtant de constater que le film ne parvient pas à être à la hauteur de son ambition. On en retient la frustration d’un film qui ne s’assume jamais et qui n’a rien de plus à offrir qu’un portrait tiède.  



La bande-annonce




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