featured_Bullet-train

BULLET TRAIN

Coccinelle est un assassin malchanceux et particulièrement déterminé à accomplir sa nouvelle mission paisiblement après que trop d’entre elles aient déraillé. Mais le destin en a décidé autrement et l’embarque dans le train le plus rapide au monde aux côtés d’adversaires redoutables qui ont tous un point commun, mais dont les intérêts divergent radicalement… Il doit alors tenter par tous les moyens de descendre du train.

Critique du film

Hasard du calendrier. La sortie récente en Blu-Ray de Super Express 109, aussi connu sous le titre The Bullet Train, un film d’action japonais de 1975 dont l’action se passe dans un train à grande vitesse impossible à arrêter, croise celle de ce Bullet Train avec Brad Pitt, blockbuster de l’été 2022. Autant le film japonais fonctionnait sur un schéma classique de film d’action (une bombe placée dans un train par des terroristes menace de le faire exploser s’il descend sous la vitesse de 80 km/h et si une rançon n’est pas payée), autant son homologue américain ne s’embarrasse pas d’un scénario à suspens mais préfère emprunter une voie beaucoup plus « post-moderne » : celle de l’ironie à 200 %. Allier humour et action n’est certes pas nouveau (voir l’excellent Les Pirates du métro de 1974 également ressorti récemment), mais ce qui prime avant tout ici est le second degré.

S’appuyant sur un roman japonais, MariaBeetle, de Kōtarō Isaka – sorti en 2010 et traduit en anglais en 2021 – le scénario de Bullet Train, écrit par Zak Olkewicz, en garde les grandes lignes tout en complexifiant encore une intrigue déjà emberlificotée. Située au Japon, celle-ci voit un tueur à gages désirant prendre sa retraite (Brad Pitt) embarqué dans une mission en apparence simple consistant à voler une mallette dans un Shinkansen et à redescendre rapidement. Bien entendu, les choses ne se passent pas comme prévu et il va être confronté à une série de tueurs à gages aux intérêts divergents quoique connectés.

Si le film s’est attiré, dès l’annonce du casting d’acteurs non-asiatiques pour incarner des personnages japonais, des critiques de whitewashing, ce point problématique ne doit pas faire oublier les sérieuses lacunes du film. Plusieurs facteurs empêchent l’adhésion à un spectacle qui aurait pu être tout à fait délectable si le scénario n’avait pas adopté une forme d’emphase pour masquer le vide de son propos. À l’amoncellement de sous-intrigues traitées par flash-back s’ajoutent de multiples péripéties prétextes à d’innombrables scènes de combat, quasiment toutes traitées sous l’angle de la comédie tout en faisant gicler le sang sans retenue, et tout en faisant mine de s’en amuser. Entre ces moments de tension, les tunnels de dialogue ne sont pas bien passionnants, et tentent de maintenir éveillé le spectateur, qui cherche vainement matière à s’intéresser à des personnages tout juste esquissés et manquant cruellement de profondeur.

Ancien cascadeur attitré de Brad Pitt passé à la réalisation en 2014 avec John Wick, puis ayant réalisé Atomic Blonde (2017) et le deuxième Deadpool (2018), David Leitch enchaîne avec maestria les scènes d’action sans toutefois mener son train vers une forme de résolution narrative satisfaisante. Si l’ironie règne de nos jours sur le divertissement grand public à l’américaine, elle finit ici par lasser et étouffe toute velléité d’émotion, d’empathie ou même de tension tant le suspense est complètement anesthésié par une dérision constante.

Reste le jeu tout en décontraction d’un Brad Pitt qui semble prendre un certain plaisir (moyennement communicatif) à ces péripéties très physiques et très peu crédibles, et dont le visage moustachu fait penser ici à un Charles Bronson blond. Mêlant le Chanbara (films de sabre japonais) à l’humour distancié à la Marvel, Bullet Train fait office de divertissement peu convaincant et n’apportera que peu de plaisir à ceux qui recherchaient un film d’action intelligent et drôle. 

Bande-annonce

3 août 2022De David Leitch, avec Brad PittJoey KingAaron Taylor-Johnson




%d blogueurs aiment cette page :