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BONNIE

Un portrait de la célèbre directrice de casting Bonnie Timmermann. Un hommage au métier d’acteur.

CRITIQUE DU FILM

Certains documentaires hagiographiques prêtent à la curiosité lorsque leurs réalisateurs tentent d’instaurer des pas de côté. Bonnie, film sur la carrière prolifique de l’une des directrices de casting américaine les plus importantes du cinéma contemporain (Bonnie Timmermann), fait partie de ce type de catégories. Le long-métrage est d’abord construit sur un faux rythme : il mélange des anecdotes peu instructives à des discours de développement personnels harassants sur la difficulté du métier d’acteur. Néanmoins, ses immenses qualités proviennent du fait que le film puise sa force dans les nombreuses images d’archives inédites qu’il concentre au sein de son dispositif, et surtout de la manière dont le réalisateur Simon Wallon les insère dans son montage.

Nonobstant les interviews de dizaines de personnalités du cinéma américain (Michael Mann, Giancarlo Esposito, Mark Ruffalo, Steve Buscemi…), Bonnie contient une quantité monstrueuse d’enregistrements d’auditions ou de répétitions d’acteurs pas encore célébrés pour leurs performances. Si vous rêviez de découvrir les premières difficultés de Benicio Del Toro, Bruce Willis ou Iggy Pop à décrocher un rôle dans un film ou une série, le documentaire vous l’offre généreusement sur un plateau. Il est amusant de recréer psychologiquement, durant la projection, le cheminement personnel d’un acteur, de ses premières auditions parfois houleuses jusqu’à à sa notoriété actuelle.

En outre, et là est le plus grand tour de force du documentaire, Bonnie consacre une partie de son temps à entremêler des archives d’auditions pour des rôles avec des films terminés et acclamés, dans l’optique de comparer ou de créer une surprise quand l’on s’aperçoit bien plus tard l’acteur que l’on voit en train d’auditionner fut en réalité recalé par la production. Il est donc passionnant de pouvoir comparer les puissances de jeu différentes, proposées d’un côté par un acteur qui souhaite ardemment un rôle, et de l’autre celui qui incarne finalement et pour la postérité le personnage tant convoité. L’exemple le plus frappant visible dans le documentaire reste le montage parallèle initié entre Natalie Portman dans une séquence de Heat, et l’audition de Kate Winslet pour le même rôle lors des repérages. 

Par le prisme de ce choix de mise en scène, aucune actrice ne paraît meilleure que l’autre, chacune a son univers qui apporte une plus-value remarquable. Mais le documentaire prouve par son système formel que les divergences d’intensités, de prononciation et de manières de ses deux femmes conduisent à une remise en perspective intégrale de scènes qui sont pourtant entrées au Panthéon du cinéma international.

De fait, Bonnie ne raconte pas grand-chose sur Bonnie Timmermann, est très expéditif sur ses méthodes de travail ou sur la recherche comportementale d’un acteur pour se glisser dans la peau d’un personnage. En revanche, par son montage parallèle très solide qui s’installe au fil des minutes, il est beaucoup plus passionnant pour analyser la valence d’un acteur sur un tournage, la place majeure qu’il occupe dans le rouage d’un projet audiovisuel et sur les conséquences de son hypothétique remplacement. 

BANDE-ANNONCE

Prochainement – De Simon Wallon, avec Bonnie Timmermann, Michael Mann, Giancarlo Esposito, Steve Buscemi, Sigourney Weaver…


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