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BLADE RUNNER 2049

Majestueux

En 2049, la société est fragilisée par les nombreuses tensions entre les humains et leurs esclaves créés par bioingénierie. L’officier K est un Blade Runner : il fait partie d’une force d’intervention d’élite chargée de trouver et d’éliminer ceux qui n’obéissent pas aux ordres des humains. Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de changer le monde, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Son seul espoir est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner qui a disparu depuis des décennies…

Ni clone, ni esclave.

Antithèse de son illustre aîné, Blade Runner 2049 trouve toute sa légitimité dans son brillant mélange de continuité et de réinvention. Plutôt que d’enfiler les chaussons de verre de Ridley Scott, Denis Villeneuve convoque ou réinvente de nouveaux enjeux : la quête, intime, de soi, la peur du grand remplacement et l’humanisation d’une société où la lutte des classes s’est mutée en lutte des races, construisant d’immenses murs en son sein et à sa marge (coucou Donald).

« Les yeux sont le miroir de l’âme », dit l’adage populaire. Blade Runner 2049 s’ouvre sur ce plan jumeau d’un iris miroir de l’oeuvre culte de Scott. Dans le film, la nature est pratiquement inexistante (un arbre mort, une fleur dont les couleurs contrastent avec la grisaille, quelques larves sous une serre poisseuse…) et tout semble artificiel, sans âme. Ce nouveau chapitre trouve la sienne à travers le parcours d’un être minuscule dans un monde gigantesque et écrasant. Celui d’un réplicant, conscient de son statut, qui se rêve petit garçon.

Il y a du Spike Jonze (Her) et du Spielberg (A.I.) dans ce Blade Runner 2049 mais aussi et surtout du Denis Villeneuve et du Roger Deakins, dont l’alliance de leur maestria resplendit sur pellicule. À la recherche de sa propre histoire, K. (Gosling) cherche à démêler les noeuds de son passé tout en arpentant les couloirs de celui d’un(e) autre.

D’une beauté plastique glaciale mais sidérante, Blade Runner 2049 évoque un miracle, l’éclosion de la vie là où on ne l’attend pas, tout en réalisant l’impossible. Cet impossible devient possible et il se pourrait bien que Villeneuve ait non seulement égalé un monument de la science-fiction sans le recycler ET tutoyé l’éblouissante grandeur de son précédent long-métrage, Premier contact.

Blade Runner 2049 impressionne d’emblée par sa puissance formelle puis fascine à moyen (et long ?) terme lorsqu’il dévoile à feu doux sa richesse thématique, anthropologique et philosophique. Mastodonte de production hollywoodienne, cette « suite » signée Denis Villeneuve s’affirme en un magnifique prolongement qui concrétise son existence sans la moindre ambiguité, s’affranchissant de son créateur originel pour ne pas être un esclave ou un clone mais bien une création qui ne sacrifie pas son unicité sur l’autel de la filiation. Pour une oeuvre qui fait de la mémoire, de la liberté de choix et celle des individus, c’est une incroyable démonstration et un essai artistique majestueusement transformé.

La fiche

BLADE RUNNER 2049
Réalisé par Denis Villeneuve 
Avec Ryan GoslingHarrison FordJared Leto
Etats-Unis – Science-fiction
Sortie : 4 octobre 2017
Durée : 
163 min  




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Shin
6 années il y a

J’ai vraiment trouvé ce film (très) beau, mais je suis quand même plus mesuré sur le film. Il possède bon nombre de défauts agaçants, comme son intrigue inutilement alambiquée et ses errements narratifs, et il bien trop long aussi. J’ai globalement bien aimé donc, mais sous réserves.

mickael
Répondre à  Shin
6 années il y a

J’ai trouvé ce film horriblement long, lent, avec de nombreux passages à vide. Si encore le film avait duré 1h30, je me serais contenté d’une demi-mesure dans la critique, mais là, délibérement, trop c’est trop. Il faut attendre plus de 2h pour avoir un semblant d’action – et après s’être perdu également dans un scénario complexe, dans lequel on se perd et on se noie. Quel dommage !

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