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BILLY LE MENTEUR

Billy Fischer est l’assistant paresseux et irresponsable d’un entrepreneur de pompes funèbres du Nord de l’Angleterre. Ses rêveries incessantes et ses histoires pas forcément vraies lui attirent le surnom de « Billy le menteur ».

CRITIQUE DU FILM

Une comédie à l’arrière-goût amer. Voilà comment on pourrait décrire simplement Billy le menteur, deuxième film de fiction de l’Anglais John Schlesinger, sorti en 1963, réalisateur qui se fera mondialement connaître avec Macadam Cowboy (1969) et Marathon Man (1976). 

Billy le menteur se situe pile à la croisée des chemins de deux mouvements culturels majeurs des années 1960 : tout d’abord le kitchen sink realism, mouvement anglais décrivant des jeunes hommes en colère issus des classes ouvrières aux prises avec les problèmes sociaux et politiques de l’époque. Puis, bien sûr la Nouvelle Vague, dont les remous ont traversé la Manche pour influencer toute une génération de jeunes cinéastes anglais, dont Schlesinger faisait partie. Si le côté documentaire est bien présent dans cette œuvre avec l’utilisation de décors réels (en l’occurrence la ville de Bradford dans le Yorkshire), s’y mêlent les visions fantasmagoriques du protagoniste, qui s’imagine vivre dans un pays chimérique appelé Ambrosia dans lequel il est tantôt dictateur, simple soldat ou prisonnier. Le passage dans l’imaginaire, par le biais d’effets de montage savoureux, nous plonge dans la tête de Billy, dont les mensonges constants se situent encore en-deçà de ses rêveries diurnes.

En effet, Billy est une sorte de mythomane gentil, un affabulateur qui ne supporte ni la monotonie de son emploi, ni les assauts répétés de ses parents avec lesquels il vit et qui lui mènent la vie dure. Pour s’échapper de cette vie bien trop normée, il s’évade dans son monde intérieur et tente dans la vie réelle de s’élever au-dessus de sa condition. Se rêvant auteur pour la télévision, il s’imagine être embauché par un comique célèbre appelé Danny Boon (sic). De plus, il courtise deux jeunes femmes en même temps, ce qui ne manque pas de créer des quiproquos. Et quand sa charmante ex (Julie Christie) lui propose de se marier et de l’accompagner à Londres, il hésite.

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Capsule temporelle

Billy le menteur agit comme une capsule temporelle. Il nous montre une société anglaise en pleine mutation, encore fermement ancrée dans les traditions mais avec un pied déjà en dehors. D’ailleurs, les plans d’immeubles en train d’être détruits ne trompent pas quant à la métaphore d’un monde en plein bouleversement. C’est cette sensation d’inadéquation avec la société dans laquelle il vit que joue à merveille Tom Courtenay (excellent dans 45 ans en 2015) dans le rôle principal. Julie Christie, dans un de ses premiers rôles, est tout à fait exquise. Le film fera d’elle une star, alors qu’elle n’y apparaît que douze minutes. Les deux acteurs se retrouveront deux ans plus tard sur le plateau de Docteur Jivago de David Lean. Quant à la photographie en noir et blanc, elle accentue le côté réaliste tout en rendant les désillusions du héros plus tranchantes.

Au-delà des frustrations d’un jeune Anglais, Billy le menteur fait la chronique d’une certaine société anglaise engluée dans ses traditions et ses préjugés, dont il n’est finalement pas si facile de s’extraire.


LE FILM EST DISPONIBLE SUR MUBI




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