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BIENVENUE À MARWEN

La fiche

Réalisé par Robert Zemeckis  – Avec  Steve Carell, Leslie Mann
Etats-UnisDrame – Sortie : 2 janvier 2019 – Durée : 116 min

Synopsis : L’histoire de Mark Hogancamp, victime d’une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d’un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même.

La critique du film

Steve Carell, jouant aux poupées dans son jardin pour ne pas avoir à affronter une réalité qui lui a tout pris. Cela pourrait également être un résumé concis de ce nouveau film de Robert Zemeckis, mais, qui, à bien y réfléchir, serait un raccourci bien réducteur qui ne rendrait pas justice au film. Il est pourtant bien question de cela : avoir tout perdu, après avoir été passé à tabac un soir de beuverie, sur le parking d’un bar, avec pour seul crime d’avoir confessé aimer porter des chaussures pour femmes. Après cet événement, Mark a tout oublié, il est désormais une page blanche, un homme à reconstruire. Ses mains, son outil de travail, lui qui était illustrateur de bande-dessinées, ne lui répondent plus comme avant, il est incapable ne serait-ce que d’écrire correctement. Pourtant Mark reste un démiurge : ce qu’il créait avec des dessins, il le met en scène désormais avec des poupées, qu’il choisit méticuleusement, placées et mises en scènes au sein d’un univers dont il est le chef d’orchestre : la ville imaginaire de Marwen, ville supposément belge, ancrée en plein cœur de la seconde guerre mondiale. Ses photos de cet univers, dont il est le créateur, ont fait de lui un artiste respecté.

« Une galerie de personnages extraordinaires »

S’il y a prouesse technique et visuelle dans l’animation de ces scènes, ce qui tranche dans Bienvenue à Marwen d’avec la filmographie récente de Robert Zemeckis, c’est l’attrait qu’il porte ici à ses personnages, et à leur profonde humanité. En effet, le réalisateur de la saga Retour vers le futur s’est davantage fait remarquer ces quinze dernières années par sa volonté de développer des outils et des nouveautés visuelles (depuis le Pôle Express jusqu’à Alliés), plus qu’à s’intéresser véritablement aux sentiments de ses personnages. L’exploration de ce monde de substitution que s’est créé Mark, les recoins de sa psyché et toutes les cachettes traumatiques représentant comme autant de refuges pour celui qui n’a plus rien. C’est tout cela qui bouleverse et captive autour de la figure balafrée de Steve Carell.

Si l’animation est bluffante, elle l’est moins que la construction de chaque personnage, chacun prenant cœur dans le réel pour se transposer dans la fiction, alliés de choix pour Mark, capitaine au grand cœur défendant sa bourgade contre l’assaillant nazi, métaphore de ses agresseurs. Construction et déconstruction se côtoient dans la ville de Marwen, personne ne meure véritablement, à part les amours contrariés, et chaque jour est un éternel recommencement. Le fantasme devient aussi thérapie, tant il permet de trouver des pistes pour reprendre pied dans le réel après l’avoir remplacé.

C’est comme si le créateur Zemeckis retrouvait lui-même ses racines et sa raison d’être dans cette histoire méta où il puise dans ses propres références (on pense à la Delorean, machine à voyager dans le temps qu’il emprunte à ses succès des années 80), non pour remonter le cours des choses, mais pour redevenir un être humain fonctionnant normalement, un auteur reconnecté à ses racines humanistes perdues de vue. Il est troublant de remarquer que c’est par le biais de cette machine issue des plus belles années du cinéaste, qu’est expulsée le symbole de la dépression de Mark, comme un symbole d’un renouveau qui passe par ce retour aux sources.

« Un film médicament contre la dépression »

C’est dès lors un délice de voir se dérouler cette merveille bienveillante qu’est le film, qui développe sans mièvrerie ni excès mélancolique, une histoire charmante et lumineuse. Si Marwen véhicule une thématique déjà beaucoup utilisée au cinéma, celle de l’homme détruit par la vie, dépressif et exclu de la société, il le fait avec une originalité de traitement et avec une douceur qui le démarque et agit comme un baume miraculeux pour le spectateur. Bienvenue à Marwen est un film qui fait du bien, sans être un exercice de style qui tournerait à vide en oubliant au passage le fond de son histoire. C’est avant tout par son écriture que Robert Zemeckis signe ce retour gagnant, nous rappelant l’admirable et fabuleux conteur qu’il fut pendant une vingtaine d’années au siècle passé.



La bande-annonce




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