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BEFORE SUNRISE

Céline est une étudiante française qui est allée rendre visite à sa grand-mère à Budapest. Jesse est un jeune Américain effectuant un périple à travers l’Europe. Tous deux se rencontrent dans un train, entre Budapest et Vienne. Arrivés à Vienne, Jesse doit descendre. Il parvient à convaincre Céline de passer une nuit avec lui dans la capitale autrichienne. Au cours de cette nuit, ils apprendront à se connaître. Le lendemain, ils devront se séparer.

Parenthèse enchantée

1995. Richard Linklater commence à se distinguer après le conceptuel Slacker (succès surprise aux USA) et Dazed and confused, capsule générationnelle qui réunit de futurs comédiens de renom (Matthew McConaughey, Ben Affleck, Milla Jovovich, Adam Goldberg, Parker Posey). Suite à une rencontre romantique personnelle, le cinéaste texan a l’idée de deux jeunes étudiants, l’un américain et l’autre française, qui se rencontrent dans un train et décident de passer la soirée ensemble pour découvrir Vienne, en Autriche. Cette collaboration humaine et artistique donnera vie à Before Sunrise, que l’on peut désormais considérer comme l’un des plus beaux films romantiques contemporains. Récompensé du Lion d’argent à Venise, le film engendrera même deux suites (non prévues initialement) où les spectateurs retrouveront Céline et Jesse, dans le chef d’oeuvre Before Sunset puis Before Midnight.

Richard Linklater sur le tournage de Before Sunrise
« Une fois, j’ai rencontré une fille à Philadelphie et on a passé toute une nuit à marcher, à parler (…) ça m’a donné envie de tourner un film qui tenterait de capturer ce qui se passe entre deux personnes quand elles tombent amoureuses. Filmer un coup de foudre. Je l’ai imaginé comme une comédie romantique, mais qui serait débarrassée des poncifs du genre. Une comédie romantique réaliste, minimaliste et très personnelle. »

Trop longtemps perçu comme une bluette sentimentale, et si Before Sunrise le film joue d’un certain de ce romantisme dans la ville, il s’affranchit pourtant de son apparence sentimentale et « touristique » grâce au talent d’un cinéaste indépendant affranchi de Woody Allen et consorts, autour de jeunes protagonistes préoccupés par la destinée et les enjeux contemporains. À l’aube de leur vie adulte, ils s’affirment, hésitent, se découvrent. Ils débattent, répliquent, s’amusent ou se chamaillent. La vingtaine, l’âme un peu fragile mais l’esprit pas si docile. On apprend vaillamment, on se prend d’impatience et d’un brin d’insolence. Céline n’a rien de la midinette superficielle. Jesse serait même le plus rêveur des deux, lui qui arpente l’Europe en attendant de trouver sa voie. Et la légèreté d’apparence devient un parfait vecteur pour découvrir les failles et les incertitudes des deux personnages. Et derrière ce qui ressemble à un flirt estival se cache peut-être une passion naissante.

critique before sunrise

« J’ai élaboré une première version du script, mais comme elle était un peu boiteuse, je me suis mis en quête d’acteurs qui seraient également capables d’écrire et d’apporter des idées. Avec Julie et Ethan, on a passé trois semaines enfermés dans une chambre d’hôtel pour tout reprendre à zéro. »

Chez Linklater, le temps et la parole ont une place essentielle. Les dialogues, écrits en collaboration avec Delpy et Hawke, donnent toute la saveur à Before Sunrise, dans de longues séquences accompagnant les déambulations du tandem. Alors qu’ils se découvrent l’un l’autre, le spectateur appréhende lui aussi Jesse et Céline, s’abreuve de leurs échanges philosophiques, baigne dans une Vienne nocturne, entre rêverie et mélancolie, profitant du don inouï du cinéaste à capturer l’instant.

Cette oeuvre de jeunesse, projection de nombreux fantasmes et idéaux, testament de foi sans une once de cynisme, est la parfaite opportunité de se soustraire au temps pour le faire sien, de s’offrir une parenthèse enchantée, et la possibilité d’une nuit que l’on n’a pas envie de voir finir… Before Sunrise a ouvert un cycle cinématographique d’une beauté rare, qui conduira Richard Linklater, Julie Delpy et Ethan Hawke à les retrouver neuf ans plus tard, une première fois, et à nouveau neuf ans après, ouvrant la porte d’un « vieillir ensemble sans s’entretuer » évoqué avec douce ironie dans ce premier volet.


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