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BASIC INSTINCT

Nick Curran, inspecteur de police à San Francisco, enquête sur le meurtre d’une star du rock, Johnny Boz, tué de trente et un coups de pic à glace par une inconnue alors qu’il faisait l’amour. Nick apprend que le chanteur fréquentait Catherine Tramell, riche et brillante romanciere. Au cours de son enquête, il s’apercoit que les parents de Catherine sont morts dans un accident suspect, que son professeur de psychologie a été assassiné dix ans plus tôt à coups de pic à glace et qu’enfin, une de ses meilleures amies a, en 1956, tué ses trois enfants et son mari.

Manipulation(s)

Sorti en 1992 et tiré d’un scénario écrit dans les années 80, Basic instinct a été un énorme succès commercial – un des plus importants des années 90 – et a véritablement lancé la carrière de Sharon Stone. Mais il a suscité des controverses et a été sujet à des critiques très contrastées. On lui reprocha notamment d’être homophobe pour sa vision du personnage de Catherine Tramell et pornographique pour ses scènes de sexe très explicites. La fameuse scène du commissariat durant laquelle la romancière bisexuelle croise et décroise les jambes, dévoilant une absence de culotte, fit beaucoup parler, d’autant plus que Sharon Stone affirma que Paul Verhoeven n’avait pas joué franc jeu sur ce qui apparaîtrait à l’écran. Le film, qu’on l’aime ou pas, ne peut être réduit à ce passage, certes devenu culte, mais qui ne doit pas faire oublier qu’on a ici affaire à un hommage aux grands films noirs des années 40 et 50 et aussi au cinéma d’Alfred Hitchcock.

Basic instinct, après un générique qui pourrait évoquer Saul Bass et sur une musique de Jerry Goldmsith dont l’aspect entêtant renvoie à des partitions de Bernard Herrmann, débute sur une scène érotique suivie d’un meurtre particulièrement sanglant. Chez Verhoeven, l’érotisme et la violence ne sont pas édulcorées. On a bien sûr affaire à un film noir nouvelle génération, dont la crudité et les excès dépassent ce qui se faisait à l’époque d’Hitchcock, d’Otto Preminger ou Billy Wilder. Mais de nombreux éléments renvoient à la grande époque du film noir ou de la littérature policière. Le pic à glace, arme du crime, se rencontre dans les romans de Dashiell Hammett (La Moisson rouge) ou de Raymond Chandler (Fais pas ta rosière).

Basic instinct

Blonde hitchcockienne

Le personnage de Catherine Tramell, joué par Sharon Stone, évoque les blondes hitchcockiennes avec lesquelles le feu couve sous la glace. Le thème de l’homme manipulé par une femme, simple pantin pris dans une machination qui le dépasse qu’on retrouve ici constitue également un point commun avec des œuvres  comme Un si doux visage ou Assurance sur la mort. Et comme dans ce dernier film, où Barbara Stanwyck apparaissait comme sincère, puis manipulatrice sans qu’on ait réellement le fin mot de l’histoire, le doute plane sur Catherine Tramell. S’amuse-t-elle à manipuler pour écrire un nouveau roman ou est-elle l’assassin que recherche Nick Curran, joué par Michael Douglas ? Le personnage de femme fatale, un autre élément clé du film noir, ici porté à son paroxysme. On notera également l’apparition de Dorothy Malone, dont ce fut le dernier rôle au cinéma. Cette grande actrice qui tourna dans plusieurs policiers joua notamment dans Le Grand sommeil d’Howard Hawks, d’après Raymond Chandler.   

Une notion d’étrangeté se dégage de Basic instinct. Catherine Tramell semble omnisciente, ne pas s’inquiéter lors d’interrogatoires où elle déstabilise ses interlocuteurs et en savoir beaucoup sur l’enquêteur Nick Curran. Policier qui retombe dans ses addictions dès lors qu’il se met à jouer avec le feu. Pas vraiment de personnages positifs, à part peut-être Gus – George Dzundza. 

Classique par ses thèmes emblématiques d’un genre éternel mais dont l’âge d’or semble définitivement révolu et novateur par sa transgression et ses excès, Basic instinct est ressorti en salle dans une version restaurée 4K distribuée par Carlotta


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