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BAMBI

Dès sa plus tendre enfance à Alger, Marie-Pierre ne veut s’habiller qu’en robe et refuse obstinément son prénom de naissance : Jean-Pierre. A 17 ans, sa vie bascule lorsqu’elle découvre la revue d’un cabaret de travestis en tournée : le Carrousel de Paris. En quelques années, elle devient « Bambi », figure mythique des cabarets parisiens des années 50-60. En recueillant le témoignage d’une des premières personnes trans françaises, Sébastien Lifshitz poursuit le travail entamé avec ”Les Invisibles” et trace le destin d’une personnalité hors du commun.

Critique du film

Après avoir bouleversé notre année 2020 avec ses merveilleux Adolescentes et Petite Fille, Sébastien Lifshitz retrouve le chemin de nos écrans, pas tant avec un nouveau film – quoique – mais avec une version augmentée de Bambi, sorti initialement en 2013. Portrait d’une personnalité extraordinaire, Bambi creuse le sillon de l’oeuvre de Lifshitz, qui tisse au fil de ses films, un cinéma des “invisibles”.

« Invisible », car le grand public méconnaît Bambi, dont l’audace est pourtant éclatante. Parmi les premières personnes trans de France, la quête d’émancipation de Bambi figure la plus profonde des résiliences : en dépit du regard extérieur, du prisme de la normalité, il s’agit de construire un regard auto-centré, en vue de l’affirmation du soi.

En se concentrant sur l’intime et l’identité, c’est un véritable combat dans son aspect le plus conflictuel qu’illustre Lifshitz avec Bambi, comme celui de la petite Sacha de Petite Fille. Ce qui anime le cinéma des invisibles de Lifshitz, c’est sa propension à créer une sensation de grandeur dans les destinées de ses protagonistes. Le réel, couplé à l’intime et à ses thématiques invisibilisées, offre à Bambi, et à l’ensemble du cinéma de Lifshitz, une impressionnante puissance dramaturgique.

Bambi

Pour autant, Bambi semble atteindre des limites dans son implication émotionnelle. Celle-ci s’illustre dans le dispositif cinématographique de Lifshitz avec ce film, qui privilégie quasi-exclusivement les entretiens et les mélanges d’archives. Dès lors, à la différence d’Adolescentes par exemple, les instants de spontanéité, qui décupleraient la vertigineuse dramaturgie du réel, manquent à Bambi. Le film prend alors bien plus des allures de portrait ou de reportage et ne parvient pas autant à bouleverser que les précédents films du cinéaste.

Malgré cette lacune, Bambi n’en reste pas moins un documentaire didactique réussi, qui met la lumière sur une femme et un sujet passionnant.

Bande-annonce

De Sébastien Lifshitz


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