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AU REVOIR LÀ-HAUT

Pétaradant

Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

Chatoyante poésie.

Difficile d’adapter un roman au cinéma, d’autant plus quand celui-ci s’est vu auréoler d’un prestigieux Prix Goncourt et a passionné près d’un demi-million de lecteurs. Habitué aux scénarios originaux, l’acteur-réalisateur Albert Dupontel s’est jeté dans l’adaptation d’Au Revoir Là-Haut, le roman fleuve de Pierre Lemaitre paru en 2013. Pour tous les lecteurs de l’œuvre originale, difficile à priori d’imaginer le fantasque réalisateur des très singuliers Bernie ou Enfermés Dehors à la manœuvre de cette histoire d’escroquerie post première guerre mondiale. La sortie du premier teaser en juin dernier a vite dissipé les doutes mais a surtout réussi l’exploit de susciter une excitation nouvelle face à une mise en scène qui laissait espérer le meilleur.

La scène d’introduction, d’une parfaite fidélité au roman, donne le ton en nous immergeant dans une tranchée avant une scène explosive remarquablement filmée. Aux manettes de cette production de 20 millions d’euros, où on sent que chaque centime a été bien utilisé, Dupontel s’éclate, prend des risques et s’affirme comme un grand conteur. Une prise de risque dans son talent indéniable pour mêler farce, comédie, drame et action et où tout sonne terriblement juste.

Maître de la satire et filmant comme personne les laissés-pour-compte de notre société, Dupontel est finalement totalement dans son élément pour raconter l’amitié de deux anciens Poilus que tout oppose mais qui vont monter l’arnaque du siècle face à l’arrogance de l’Etat et l’ignorance du système à leur égard. Toutes les grandes étapes structurantes du livre sont là et lorsque le réalisateur s’en émancipe, cela se fait toujours au service de la fluidité du scénario et pour répondre à une narration indispensable à la transposition sur grand écran.

Si le roman contient sa touche d’excentricité, essentiellement à travers l’univers du personnage d’Edouard Péricourt, Dupontel accentue les effets cartoonesques et satiriques dans son adaptation. Grâce notamment à Nahuel Perez Biscayart qui impressionne, après sa révélation dans 120 Battements Par Minute, dans son interprétation très incarné de cet Edouard, artiste incompris et excentrique. Un rôle central où Dupontel, excellent directeur d’acteurs, fait le choix de passer un peu sous silence le caractère tumultueux et toxique qu’on retrouve dans le roman. En s’attribuant le rôle de Maillard, acolyte de Péricourt, le réalisateur se trouve un alter ego réservé, bavard et maladroit ; qui tranche avec Laurent Laffitte, également parfait dans le rôle de salaud de première du Lieutenant Pradelle. Peu présentes dans le roman et donc à l’écran, c’est surtout la jeune Héloïse Balster qui marque les esprits au milieu de Mélanie Thierry et d’Emilie Dequenne, dont la justesse n’est plus à prouver.

Grâce à une équipe technique de haut niveau, le travail sur le Paris des années 1920 et les costumes (les dizaines de masques d’Edouard sont à tomber) donnent fabuleusement corps au récit.

Superbe envolée romanesque servie par un sublime travail de reconstitution qui rend hommage au récit, Au revoir là-haut parvient judicieusement à le transcender par instants. Une grande adaptation émouvante, drôle et poétique ; sur les traces d’un certain Jean-Pierre Jeunet, où Albert Dupontel excelle et s’ouvre une voie royale vers des films toujours plus ambitieux.

La fiche

AU REVOIR LÀ-HAUT
Réalisé par Albert Dupontel
Avec Nahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Emilie Dequenne…
France – Comédie dramatique
Sortie : 25 octobre 2017
Durée : 
117 min  




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