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ASTÉRIX ET OBÉLIX : L’EMPIRE DU MILIEU

Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu…

Critique du film

Après deux films d’animation (plutôt réussis) signés Alexandre Astier, le tandem de gaulois est de retour en chair et en os pour la 5e fois, sous la houlette de Guillaume Canet, qui s’est vu offrir un budget conséquent (plus de 65 millions d’euros) et un parterre de célébrités plus ou moins notoires. Après Claude Zidi, Alain Chabat, Thomas Langmann et Laurent Tirard, c’est donc au tour du réalisateur de Les petits mouchoirs de transposer l’univers d’Astérix et Obélix au cinéma et de tenter de rompre la malédiction artistique de ses deux prédécesseurs qui peinaient à tutoyer le très inspiré et désormais cultissime Mission Cléopâtre.

Conscient des enjeux, l’acteur-réalisateur casté par la production a affiché ses ambitions : livrer un grand film d’aventures, « avec des décors et des costumes somptueux », où Bravehaert rencontrerait Tigre et Dragon

Dans cette nouvelle aventure au scénario original (le film n’est pas adapté d’une BD déjà existante), les deux irréductibles compères sont envoyés en Chine afin de venir en aide à l’impératrice et sa fille, qu’un prince rival tente de déposséder du trône par un coup d’état. Le prétexte pour envoyer nos deux aventuriers en Asie étant posé, les péripéties vont ainsi pouvoir s’enchaîner, proposant une succession de séquences gags comme la saga semble tant les aimer. Guillaume Canet respecte le cahier des charges, avec moult clins d’œil à la culture populaire et au contexte actuel (parfois subtiles, souvent pas). Pour autant, s’il s’en sort un peu mieux que ses deux prédécesseurs, il peine à donner une patte à sa production qui manque de singularité et se contente trop souvent de plagier (à ce point, ce n’est plus du fan-service) les gags de Chabat et consorts.

Peinant à trouver du liant dans son récit (malgré la voix off fatigante de Gérard Darmon), témoin d’un film maintes fois remonté en post-production, le film ressemble à un pot-pourri bien terne, comme écrasé par le poids de l’oeuvre d’Uderzo et Goscinny. Terriblement désincarnée et tristement générique, cette coûteuse entreprise n’a même pas pour elle un antagoniste charismatique, des effets spéciaux impressionnants et une scène de bataille mémorable. Pour ne rien arranger, la plupart des comédiens semble en roue libre (Marion Cotillard décroche le César !) et il faut se farcir une enfilade d’apparitions de starlettes plus insipides les unes que les autres, un César grotesque (avec le festival de calembours qui l’accompagne), et des protagonistes chinois absolument transparents.

Asterix et obélix : l'empire du milieu

Pire, en forçant les répliques pour déclencher le rire, avec une insistance épuisante et sans faire confiance au spectateur pour comprendre par lui-même les ressorts comiques, Astérix et Obélix : L’empire du milieu se traîne durant 1h45 avec la finesse d’un char d’assaut, à base de jeux de mots gênants, de gags téléphonés, d’accents exagérés, et tombe même dans les pires travers de l’humour beauf et de la caricature raciste. Visiblement, en 2023, une franchise aussi populaire qu’Astérix & Obélix ne pouvait nous épargner les plus tristes relents de sinophobie ordinaire, nous affligeant de « blagues » du type « les bridés » et « tching tchang tchong ».

Enfin, en tentant de tourner en dérision le discours anti-patriarcal et les idéaux végans, le film se croit bien plus malin qu’il ne l’est et ne fait finalement que nourrir la bêtise populiste. Ce ne serait que méprisable si seulement une telle production ne s’adressait pas au grand comme au jeune public, qui en ressortira avec le sentiment que les femmes sont soit des femmes au foyer pénibles, soit des objets de convoitise amoureuse, et que les Chinois sont de petites choses fragiles et ignorantes que l’on peut railler pour leur culture, leur réserve ou leur apparence physique.

Reste que cet Astérix et Obélix 2023 a au moins le mérite de trouver un bel héritier à Gérard Depardieu en la personne de Gilles Lellouche, qui livre une prestation convaincante et attendrissante dans la peau de l’amateur de sanglier. Une bien maigre consolation pour un divertissement qui se voulait ambitieux et qui n’a eu de cesse de s’afficher comme le grand « sauveur du cinéma français ».

Bande-annonce

1er février 2023De et avec Guillaume Canet et Gilles LelloucheVincent Cassel




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