featured_ariane

ARIANE

Ariane est fascinée par le travail de son père, détective privé spécialisé dans les affaires d’adultère et plus particulièrement par le cas d’un playboy. Lorsqu’Ariane surprend un client de son père menaçant de tuer cet homme, elle court prévenir ce dernier du danger qui l’attend. Quand le client jaloux débarque à l’hôtel, il trouve le millionnaire en compagnie d’Ariane et non de sa femme infidèle. Intrigué, le séducteur organise un rendez-vous avec elle le lendemain après-midi..

Critique du film

Tourné en 1956, Ariane compte parmi les plus brillantes réussites de Billy Wilder. Au premier plan, bien sûr, le film doit beaucoup à la présence lumineuse d’Audrey Hepburn et à son talent pour interpréter une femme qui joue elle-même un rôle à l’opposé de ce qu’elle est réellement. Ariane lutte contre son attirance pour Flanagan, mais en vain. Est-ce l’attrait pour l‘interdit ? Après tout, son père, le détective privé Claude Chavasse lui a fait un tableau des hommes pas forcément flatteur. Et elle a suffisamment de preuves du caractère volage de cet individu en particulier. 

Le film joue beaucoup sur cette transgression et en premier lieu celle de la censure de l’époque et du fameux Code Hays (sur la sexualité et la décence, notamment) qui allait perdurer encore plusieurs années (pour prendre fin en 1964). Car on découvre dans ce film une histoire avec un homme beaucoup plus âgé que sa partenaire. 

L’amour l’après-midi

Les autres interprètes, Gary Cooper et Maurice Chevalier en tête, sont bien sûr formidables, le premier en séducteur richissime et insatiable, et le second en père d’autant plus protecteur qu’il côtoie à longueur de journée et de nuit l’infidélité et les drames passionnels, tout ce dont il voudrait préserver sa fille. Mais il ne faut pas oublier John McGiver en mari trompé, passant par tous les états, jusqu’à se persuader que sa femme lui est fidèle et se voulant généreux en conseils amoureux.

Le film s’avère également remarquable pour ses dialogues, signés I.A.L Diamond avec lequel Billy Wilder entame avec ce film une collaboration particulièrement fructueuse. I.A.L. Diamond était d’origine européenne comme Wilder (Wilder autrichien et Diamond, roumain) et avait très certainement le même sens de l’humour que le réalisateur. Les scènes du mari trompé, au début du film et vers la fin, dans le hammam, sont d’une grande drôlerie. Tout comme le décalage entre les affirmations, les affabulations du personnage d’Ariane concernant son expérience amoureuse, et ce qu’elle a vraiment connu de la sexualité.

Ariane film

Cette surenchère à laquelle s’adonne Ariane, notamment quand elle égrène la liste de tous ses amants imaginaires, Flanagan ne peut finalement pas la supporter. On n’est jamais plus fort que sa plus grande faiblesse et les plus infidèles sont souvent les plus jaloux. Tel est pris qui croyait prendre ! L’enregistrement audio qu’Ariane a fait de ses exploits, Flanagan l’écoute en boucle en s‘enivrant dans un réflexe masochiste, alors qu’il apparaissait jusque là plutôt comme un prédateur sans pitié. Le Don Juan apparaît alors comme un colosse aux pieds d’argile. 

Les masques tombent

Mais ce qui attire Flanagan chez Ariane, est-ce cette toute puissance qu’elle voudrait afficher et qui la fait apparaître comme un double au féminin du millionnaire séducteur ? Ou au contraire, lorsque le masque tombe, s’agit-il de sa fragilité ? Ou encore de son incroyable audace et de son inventivité, des efforts qu’elle déploie pour le séduire et se rendre intéressante. Dans le personnage que se crée Ariane et à travers ses manœuvres, on pourrait presque voir une inversion des rôles  – deux ans avant le tournage de Certains l’aiment chaud – ; c’est généralement l’homme qu’on imagine jouer les cyniques pour impressionner sa future conquête. 

Ariane film

On trouve également dans Ariane une sorte de nostalgie de la vieille Europe et, peut-être de l’époque où il était encore l’assistant de Lubitsch ? Sur des films comme La Huitième femme de Barbe Bleue dont l’interprète principal n’était autre que Gary Cooper. Certains partis pris de mise en scène renvoient à son maître – faire deviner ce qui est caché – ainsi que certains thèmes. On peut interpréter ce film comme un véritable hommage à Ernst Lubitsch. Contrairement aux comédies américaines des années quarante au rythme trépidant, Wilder a réalisé avec Ariane une œuvre avec des changements de tons, une alternance entre rapidité et langueur, comique et émotion. Quant à la fin, qu’on ne dévoilera pas, si celle-ci a satisfait les censeurs, pas sûr qu’elle soit si heureuse que ça.

Très réussi formellement, avec une superbe photographie en noir et blanc et les décors d’Alexandre Trauner, Ariane constitue un joyau cinématographique d’une grande richesse, par son écriture, son interprétation et sa réalisation. 

 

Disponible en coffrets vidéo chez Carlotta Films


CHAQUE JOUR, DANS LES SÉANCES BUISSONNIÈRES, UN MEMBRE DE L’ÉQUIPE VOUS RECOMMANDE UN FILM (OU UNE SÉRIE) DISPONIBLE ACTUELLEMENT EN STREAMING LÉGAL, REPLAY OU EN VIDÉO.


Ariane coffret collector

Sur les 3 éditions :  

Ariane, rapports de tournage : 26 minutes (Voyage dans les archives papiers et photos du film à la Cinémathèque française) // Au fil d’Ariane : 26 minutes (Genèse d’Ariane et influences directes de Billy Wilder) // La complicité magnifique : 9 minutes (Hubert De Givenchy évoque sa rencontre avec Audrey Hepburn et leur collaboration)  // Bande annonce originale

    Sur les éditions Blu-Ray uniquement : 

  *Portrait d’un homme « à 60% parfait » : 56 minutes (Documentaire d’Annie Tresgot et Michel Ciment)

Avec le Coffret Ultra Collector  uniquement (Visuel exclusif de Deanna Halshall) :

* 1 livre de 160 pages : « Le romanesque triomphant : Ariane de Billy Wilder »


TOUTES LES SORTIES VIDÉOS À RETROUVER DANS LE VIDÉOCLUB



%d blogueurs aiment cette page :