anima-bella-cinemed-2021-antigone-dor-toute-la-culture

ANIMA BELLA

Gioia a 18 ans. Elle vit avec son père dans un petit village des montagnes où elle travaille comme bergère. Rayonnante et généreuse, elle prend soin de sa communauté en collectant et livrant chaque jour quelques litres d’eau thermale provenant de la source \ »miraculeuse\ », bien connue pour ses propriétés thérapeutiques. Un jour, sa vie est bouleversée par un événement tragique qui la mènera loin chez elle, dans une ville qu’elle ne connaît pas, pour aider son père.

Critique du film

Gioia vient de fêter ses 18 ans, mais, adulte, elle l’est depuis bien plus longtemps. Elle vit avec son père Bruno. Et l’addiction au jeu de ce dernier. Dans une petite bourgade montagnarde où tout va à peu près bien mais où tout peut s’effondrer à chaque instant. Il est accro, avec de la bonne volonté (un peu) et un vague sourire triste. Elle s’occupe de ses moutons, et des voisins qu’elle aide volontiers. Jusqu’à ce que les bêtes soient vendues pour éponger les dettes du père. Gioia, plutôt que d’abandonner, envisage une éclaircie : une cure de désintox pour Bruno. Il accepte sans broncher, mais la promesse déracine le foyer et force la jeune femme à s’installer dans un motel miteux pour rester proche de lui.

L’emprise de la famille semble source d’inspiration infinie pour Dario Albertini (réalisateur d’Il Figlio, Manuel, où un jeune homme tout juste majeur essaye de sauver sa mère en flirt avec la prison). D’ailleurs, pour le cinéma italien actuel en général aussi : comme dans le récent – et excellent – A Chiara de Jonas Carpignano, la famille d’Anima Bella phagocyte, dévore.

Le père de Gioia n’est pas non plus celui de Chiara, il ne la met pas en danger directement. Sauf peut-être en la faisant grandir trop vite, sans aucun autre horizon que d’aider son père. Gioia – « joie » en italien – sourit et encaisse, met en gage tel ou tel objet pour survivre. Son scooter se transforme en vélo. Les pizzas qu’elle livre arrivent froides aux clients. Alors elle pédale encore plus vite.

Dario Albertini livre un film superbe sur l’espoir dans l’Italie « d’en bas », l’Italie réelle. Celle de Matteo Garrone où l’on vit dans des bicoques mal isolées, où chacun se bat contre lui-même. Où l’on ne peut s’échapper d’une campagne déliquescente que pour tomber sur la ville, cent fois plus cruelle – exactement comme dans Heureux comme Lazzaro d’Alice Rohrwacher. Superbement mis en scène, Anima Bella épouse la vision de Gioia. On le traverse accroché à sa taille, passager de son scooter et de ses galères.

Bande-annonce

5 octobre 2022 – De Dario Albertini, avec Paola Lavini, Francesca Chillemi et Elisabetta Rocchetti.




%d blogueurs aiment cette page :