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AMORE MIO

Lola refuse d’assister à l’enterrement de l’homme qu’elle aime. Elle convainc Margaux, sa sœur, de les emmener, elle et son fils, loin de la cérémonie. Sur la route qui les mènera vers l’Italie, elles découvrent les adultes qu’elles sont devenues et tentent de retrouver la complicité des enfants qu’elles étaient.

Critique du film

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Guillaume Gouix ne fait pas dans la facilité. C’est sur la thématique du deuil qu’il débute Amore Mio, soutenu dès les premières scènes par le duo composé par Alysson Paradis et Élodie Bouchez. Lola choisit Margaux pour fuir le pire moment de sa vie, l’enterrement de son mari Raphaël. Motard, il succombe à un accident qui laisse un vide immense dans la vie de sa famille, et surtout de son fils Gaspard tout juste 8 ans. Le motif sororal choisit par Gouix est tout sauf une évidence dans cette histoire, toutes deux ne se voyant presque plus, un puissant ressentiment ayant creusé un fossé gigantesque avec les années. Tout les sépare, à commencer par une différence d’âge conséquente, des modes de vie opposés, ainsi que des non-dits à peine esquissés et devinés par la cadette.

Si Gouix est un acteur assez identifié dans le paysage du cinéma français, il choisit de ne pas se mettre en scène dans ce premier film. Sa préférence va vers celles qu’il appelle « ses deux émissaires », ce duo qui porte l’intrigue, ce tout d’abord dans un rythme et une économie de « road trip ». Lola veut prendre la route, descendre au Sud si possible, ne pas reprendre sa vie. Elle ne veut ni compassion ni phrases faciles, refuse toutes les responsabilités qu’on lui impose dans ce moment charnière. Le choix de Lola de partir avec Margaux est aussi celui du réalisateur, il filme les antagonismes qui rendent leur relation électrique, dynamisant avec beaucoup d’élégance le récit. Le désespoir de Lola prend diverses formes, ce départ, un arrêt inopiné sur le bord de la route, une envie de Sud et pourquoi pas de Sardaigne pour solder des références douloureuses.

Amore mio
C’est avec une grande habileté que la caméra va petit à petit s’intéresser également à Margaux. De simple chauffeuse et opportunité de fuite, elle prend de la chair et raconte sa propre histoire, avec un style et une grandeur insoupçonnés au début du film. Si Lola semblait incontrôlable et l’électron libre, sa grande sœur démontre que les évidences sont faites pour être trompées et qu’un drame peut s’enchâsser dans une réalité tout aussi difficile. Lola est caractérisée par sa maternité, son fils est avec elle, rappel constant de cet homme qu’elle vient de perdre. Margaux est seule, tout du moins en apparence, chargée elle aussi de son propre mystère. Ce basculement et cette communication des souffrances est l’axe sur lequel repose toute la force d’Amore mio. Cet amour évoqué dans le titre n’est pas que le père et le mari perdu, il est la force constante qui permet à l’histoire d’exister entre les personnages.

Acteur lui-même, Guillaume Gouix regarde et dirige à merveille ses deux actrices, notamment une Élodie Bouchez magnifique qui fait la démonstration de tout son talent dans des scènes de colère où elle irradie la caméra de sa classe. Ces personnages complexes et sensibles sont de très belles découvertes, permettant à ce film simple de bouleverser autant qu’il guérit de tous les maux exposés durant une heure et demi. Oui, l’amour est partout et la vie de ces deux héroïnes ne fait que commencer, tout comme la carrière de cinéaste de Guillaume Gouix.

Bande-annonce

1er février 2023 – De Guillaume Gouix, avec Alysson Paradis, Élodie Bouchez et Félix Maritaud.


Festival de La Roche-sur-Yon




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