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AMERICAN NIGHTMARE 5 : SANS LIMITES

Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchainement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux.

Critique du film

Sur le papier, la franchise American Nightmare (lancée en 2013 par la boîte à monstres Blumhouse), avait certainement de quoi exciter… Malheureusement, et cela se confirme à nouveau avec ce cinquième (et ultime ?) volet. Rien n’y fait : cette entreprise aurait dû rester dans les tréfonds d’Hollywood, dans cette fameuse black box où se terrent des scénarios qui sont aussi audacieux que casse-gueule. Dans une Amérique dystopique, le projet de « Purge » est instauré par le gouvernement fédéral, laissant le droit aux citoyens de s’entre-tuer sans aucune pitié pendant une nuit, pas plus.

De ce postulat de départ, on sait que rien ne va se passer comme prévu. En découlent donc cinq films, en à peine dix ans, imaginés et écrits par James DeMonaco. Ce dernier « avait une idée maîtresse » en tête et comptait la déployer jusqu’à ce-jour, après avoir mis en scène une famille piégée dans sa propre maison (le 1er film), une ville plongée dans le chaos (Anarchy), un portrait satirique de la politique de Trump (Election year) et même un prequel, assez peu utile (Origins). Désormais, le cinquième film, intitulé Sans limites (The Forever Purge en anglais, plus joli et parlant), se situe dans le présent, où la Purge est une institution. Cependant pour ce final, DeMonaco a eu la bonne idée de recruter le cinéaste mexicain Everado Gout, puisque le sujet lui parle : American Nightmare 5 plonge en plein tumulte à la frontière mexicaine, où les méchants américains blancs et racistes veulent trucider les mexicains, « violeurs, « tueurs », qui ont « détruit » l’image de l’Amérique, « la vraie ». 

Il y avait donc là un bon point de départ, celui de traiter le racisme latant aux États-Unis, dans un climat de plus en plus tendu suite à une gouvernance Trump chaotique, avec son projet de construction d’un mur séparant les États-Unis et le Mexique. Une administration qui a remis plus que jamais au devant l’Amérique puritaine. Cependant, force est de constater qu’Americain Nightmare 5: Sans limites arrive avec, disons, plus d’un an de retard (Trump n’est plus président) et semble vouloir réinventer l’eau chaude.

Vers la fin du cauchemar ?

Malgré un set up original (les paysages chauds et arides, ambiance cow-boy), une charte graphique plutôt sympa, voguant entre le flamboyant, le sépia et les tons froids, le film patine. Il veut bien dire, bien faire et on ne peut pas renier son envie certaine de dezinguer le puritanisme ; cependant, l’exécution est si peu inventive et tellement premier degré que l’on peine, en tant que spectateur, à s’investir et jouir plus d’une seconde. Le casting traîne aussi, bien que porté par une Ana de la Reguerra investie. Il nous fait même jubiler quelques instants à l’apparition de Zahn McClarnon (impressionnant dans la saison 2 de Fargo). Mais la surenchère du jeu prend vite le dessus. Le film arrive à introduire les « gentils américains blancs » qui viennent prôner une morale d’égalité et de paix – comme si DeMonaco voulait se dédouaner et servir un « Not All Americans » un poil nauséabond. 

Sûrement pas le pire volet de la saga, American Nightmare 5  conduit à une conclusion accablante : il faut arrêter de sous-traiter la violence aux États-Unis comme un blockbuster bête et méchant, qui porte un masque de lapin et des dents faites en… balles de fusil. Comme une réalité effrayante. Ici, le divertissement prime, là réside tout le problème. 

Bande-annonce

4 août 2021De Everardo Gout, avec Ana de la RegueraTenoch HuertaJosh Lucas




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