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ALL THAT JAZZ

Joe Gideon est un artiste afféré, pris entre les auditions et les répétitions de son prochain ballet à Broadway, le tournage et le montage de son film, et une vie familiale complexe entre sa femme, sa fille et sa maîtresse. L’angoisse et la frénésie de créer finissent par le mener à une mise en scène délirante et inspirée de sa propre mort.

Showtime !

Quand l’on parle de danse au cinéma, le nom de Bob Fosse apparaît forcément à un moment donné dans la discussion. Ce n’est pas le chorégraphe le plus connu d’Hollywood, certes. Les films auxquels il a collaboré ne sont pas les comédies musicales les plus célèbres, même si Cabaret (dont il dirige aussi à la mise en scène) a une bonne notoriété. Mais Fosse n’en reste pas moins une personnalité importante à Broadway et Hollywood pour ses numéros de danse mêlant plusieurs genres et sa manière de travailler avec les artistes. Et puis il dirigea All that Jazz (Que le spectacle commence) en 1979.

Les cinq premières minutes du film mettent d’emblée dans l’ambiance. Entre semi-autobiographie et plans qui s’enchaînent rapidement, Bob Fosse prend le spectateur par surprise et l’emmène pour deux heures dans un tunnel mêlant pêle-mêle la préparation d’une pièce de théâtre, le montage d’un film-concert, la vie privée décousue de Joe Gideon (Roy Scheider)… et ses confidences à un ange dans un décor de loge luxueuse qui ressemble à la vie de Gideon. Car oui, ce dernier est aussi en train de mourir, lentement, d’un infarctus.

Ce mélange de comédie musicale et de drame fantastique peut sembler étrange, mais c’est ce qui fait justement le sel d’All that Jazz. Le film se nourrit de cette situation pour développer un ton étrange, à la limite de la comédie noire. Fosse ne s’est pas épargné dans son film, se dépeignant en personnage certes talentueux mais peu aimé, irascible et égoïste. Fosse a choisi Roy Scheider pour s’incarner et il a bien fait, tant l’acteur de Sorcerer sort une prestation de haut vol. Il est aussi intéressant de noter que Fosse ne néglige pas ses personnages secondaires et ne fait pas l’erreur de les écraser : Jessica Lange est magnifique en ange/confidente alors que Leland Palmer est excellente en femme impuissante devant la chute de son ex-mari.

Ce ton très sombre n’empêche pas All that jazz d’arborer un emballage très attrayant. Les cinq premières minutes sont un modèle d’introduction, avec cette scène de Broadway bondée de danseurs qui se vide au fil des auditions. La présentation d’un numéro de la pièce aux producteurs est aussi un magnifique moment de danse et de chorégraphie. Enfin, les dix dernières minutes symbolisent parfaitement l’idée du chant du cygne. Bien sûr, il faut en effet être réceptif aux paillettes, à ces décors (qui font parfois penser à Du Palma) et à ce montage particulier. Mais la virtuosité de l’ensemble fait oublier ces quelques soucis.

Kirk Douglas et son jury ne se sont pas trompés quand il a fallu désigner la Palme d’Or du 33e Festival de Cannes. Tour à tour flamboyant, dur, ironique et crépusculaire, All that Jazz fait partie de ces films particuliers que l’on aime découvrir et aimer. Parfaitement représentatif du Nouvel Hollywood, il est aussi une de ses dernières réussites, le mouvement étant proche de sa fin. Un très beau zip de fin.


Disponible sur OCS


Chaque jour, dans les Séances Buissonnières, un membre de l’équipe vous recommande un film disponible actuellement en VOD / SVOD




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