All my friends hate me

ALL MY FRIENDS HATE ME

C’est l’anniversaire de Pete. Sa bande de copains, rencontrés à la fac, lui organise une fête à la campagne. Néanmoins, Pete est de plus en plus troublé par les blagues et les commentaires sarcastiques de ses amis. Alors que l’atmosphère passe de la gêne à la terreur et au surréalisme, Pete frôle le point de non-retour au cours de ce qui était censé être un joyeux week-end de retrouvailles.

Critique du film

Passant pour la première fois du petit au grand écran, Andrew Gaynord s’attaque avec All my friends hate me au huis clos en maison de campagne, un des cadres classiques du film d’horreur à petit budget. Quelque part entre Tom à la ferme et Sheitan, son premier long-métrage s’appuie sur un scénario bien connu : un jeune citadin enthousiaste et sûr de lui se retrouve isolé dans une étrange bourgade provinciale et doit faire face à l’étrangeté des gens qui l’entourent (comprenez : des locaux moins cultivés que lui). Rustrerie, bêtise, voire pratiques sexuelles déviantes, le clash ville/campagne est souvent l’occasion pour les réalisateur.rice.s de tourner en dérision les préjugés sur la vie rurale, tout en explorant le gouffre social qui peut exister entre l’isolement des petites villes et l’existence urbaine.

Vieil intendant vaguement hostile, manoir quelque peu effrayant, inquiétante étrangeté : All my friends hate me s’ouvre sur ce qui semble être les prémices d’un énième film d’épouvante sur ce modèle. Pourtant, loin de s’engouffrer tête baissée dans ce poncif, Andrew Gaynord s’en saisit pour traiter d’une anxiété toute autre, bien plus psychologique et intime. Vaillant anti-héros, Pete, le personnage principal, incarne ici un inconfort social que nous connaissons tous, nourri par la peur de ne pas être à sa place. La crainte d’être incompris et de ne pas s’intégrer remplace ici les jump scares habituels, tandis que le film nous éloigne progressivement de sa trame d’origine et prend une tournure surprenante. Tendant un miroir à son personnage principal mais aussi au spectateur, le réalisateur nous interroge : les autres sont-ils vraiment bizarres ou est-ce nous le problème ?

Sur fond de malaise grinçant qui menace à tout instant de basculer dans l’horreur, Gaynord entretient une ambiguïté d’autant plus dérangeante qu’elle nous renvoie à nos propres angoisses sociales. En jouant -pas toujours finement- avec la folie grandissante qui menace d’envahir son personnage et en naviguant entre la comédie noire et le drame, il réussit ainsi à maintenir un suspens suffisamment prenant pour divertir et inquiéter. All my friends hate me se révèle ainsi une satire efficace de l’égocentrisme moderne, qui remplit honorablement son cahier des charges et témoigne du regard social affuté du cinéaste.


D’Andrew Gaynord, avec Georgina Campbell, Antonia Clarke et Charly Clive.


Festival de Dinard




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