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ABUELA

Susana, un jeune mannequin espagnol, est sur le point de percer dans le milieu de la mode parisien. Mais quand sa grand-mère est victime d’un accident la laissant quasi paralysée, Susana doit rentrer à Madrid dans le vieil appartement où elle a grandi afin de veiller sur celle qui constitue son unique famille. Alors qu’approche leur anniversaire commun, de vieux souvenirs resurgissent en parallèle d’événements étranges, et le comportement de sa grand-mère devient de plus en plus inquiétant…

Critique du film

La Abuela a reçu au dernier Festival de Gérardmer le Prix du Jury, ex-aequo avec Samhain de Kate Dolan. Ces deux œuvres ont en commun de traiter de la famille et font naître la terreur du quotidien et des rapports qu’on peut avoir avec ses proches ascendants. Le film de Paco Plaza, metteur en scène qu’on avait découvert grâce aux trois premiers films de la série horrifique REC, nous livre un film étrange, énigmatique mais qui ne tient pas forcément toutes ses promesses.

Ce qui fait l’intérêt du film, c’est bien sûr en premier lieu le thème des anciens. Anciens dont on ne sait pas toujours bien s’occuper. Comment communiquer avec une grand-mère qui semble avoir perdu une grande partie de ses facultés ? La grand-mère de Susana semble voir des personnes que sa petite fille ne perçoit pas, ou est prise de fous rires au moment où on doit lui faire ingurgiter sa soupe, au risque de lui causer une fausse route (intention inconsciente de se débarrasser d’un poids qui éloigne Susana de sa carrière de mannequin ?). Car Susana exerce une activité où le physique et la jeunesse passent avant tout. Le contraste est ainsi saisissant entre l’apparence de cette jeune femme et celle de sa grand-mère dont le corps n’est plus qu’une enveloppe bien fragile, bien abîmée et qu’on ose à peine regarder. Habituée à une activité liée à l’éphémère (beauté), Susana doit se confronter à la ruine physique et psychique que représente parfois la vieillesse.

La bizarrerie de certaines situations et leur aspect mystérieux – la séquence d’ouverture par exemple, mais aussi le tableau dans l’appartement, l’impression de dépersonnalisation que ressent Susana – sont plutôt bien traités et contribuent à l’ambiance anxiogène du film, même s’ils s’avèrent parfois un peu répétitifs et que l’ensemble se traîne un peu. Lorsque Susana fait la rencontre d’Eva, qui dit la connaître mais dont elle n’a aucun souvenir, on peut se demander si la jeune fille blonde n’est pas une affabulatrice. Ou si Susana ne perd pas la mémoire, comme sa grand-mère. Cette dernière ne prendrait-elle pas possession de sa petite-fille ? Susana connaît des nuits peuplées de cauchemars. Mais de quoi a-t-elle le plus peur ? De sa grand-mère ou de ce que celle-ci réveille en elle ? Le fait que les deux femmes partagent le même jour de naissance a-t-il un lien ?

Quand la tension psychologique et la singularité dérangeante des situations font place à une horreur plus convenue, on peut regretter de ne pas être resté dans une description plus subtile, moins spectaculaire. La Abuela aurait sûrement gagné à suggérer davantage et à embrasser son inquiétante étrangeté jusqu’au bout sans illustrer trop frontalement, ce qu’il avait réussi à faire durant une bonne partie du film.

Bande-annonce




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